Pour ceux qui ont fréquenté “Bois-Larris” ou pour ceux qui en ont entendu parlé, un événement s’est produit le 17 avril 2012. Le fond documentaire de la bibliothèque de “Bois-Larris”, composé de mémoires, de revues, de livres dans différentes langues et constituant sans doute une zone de ressource majeure pour la profession en France a été transféré à Berck-sur-Mer.

Les impacts négatifs

D’une manière un peu triste, c’est une page définitive qui se tourne pour cet endroit qui a formé des générations de Moniteur-Cadre en Masso-Kinésithérapie (un tiers de l’équipe d’ActuKiné sont des "Boislarissiens" !). Un internat d’un an où le programme des études de Kinésithérapie devait être revu en un mois pour passer le "probatoire". Ensuite, des semaines de séminaires et de stages avec un mémoire final qui finissait par être publié et diffusé (le plus souvent dans "Les Annales de Kinésithérapie") ont permis de faire émerger plusieurs générations de MCMK qui ont servi la profession (certains sont encore directeurs d’IFMK, chef de service d’établissement de santé, enseignants, directeur d’école ou d’Université à l’étranger, Président d’association professionnelle nationale étrangère, chercheurs, et aussi les 3 seuls kinésithérapeutes employés à la HAS, etc.). La richesse et variété des intervenants étaient à l’image de la richesse de ce fond documentaire (les versions papiers des journaux australiens, néo-zélandais, américain, canadien, et de différents pays étaient à la bibliothèque de Bois-Larris. Des livres couvrant toute la profession et provenant de différents pays étaient aussi une richesse unique).

Sans remettre en cause, l’utilité des cadre de santé (pourquoi ne pas avoir laissé le choix de garder les 2 options ?), la destruction du diplôme de MCMK (1995) a été un coup rude porté pour la profession.
A l’heure où l’on recherche à constituer des "masters", où sont les personnes ressources pour enseigner ? Est-ce qu’il y a un mea culpa des responsables de la profession qui ont appuyé cette décision ? Ce serait tout à leur honneur s’ils le faisaient et il y a sans doute des leçons à tirer de tout cela (comment a été traitée et écoutée la parole des MCMK de l’époque ? Combien de personnes, responsables actuels de la profession, sont capables, sans condescendance, de citer 5 anciens de Bois-Larris ? Est-ce que la réforme a eu des impacts ? Lesquels ?). Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois diront certains. Il est légitime de se poser la question des bénéficiaires de la suppression de ce centre d’activité et de ressources majeures qu’a été Bois-Larris et toute la structure logistique qui l’accompagnait (restauration, chambres, salles de cours, etc.).
Le plus surprenant actuellement est d’entendre des étudiants heureux de faire des "masters" dans des champs très éloigné de la Kinésithérapie. C’est sans doute la génération à venir. Il faudra attendre les retombées pour la profession. Nous n’abordons pas les retombées (qui doivent exister) pour la Kinésithérapie des générations de kinésithérapeutes formés depuis 1996 comme cadre de santé.

Les évolutions positives des actions menées à Bois-Larris

D’un point de vue positif, il existe des retombées de Bois-Larris (nous n’avons pas listé les retombées des autres écoles de cadre de l’époque par manque d’informations. La page commentaire est ouverte si vous le souhaitez). Voici une liste de quelques graines semées à Bois-Larris et qui ont poussé sous une forme ou une autre :
– la base de donnée de REDATEL a été reprise en partie par Kinedoc qui a développé (avec les moyens actuels) une nouvelle base de données. Le fond documentaire de Bois-Larris sera sans doute bien utilisé et diffusé avec le transfert réalisé cette année de tout le fond documentaire;
– les journées de recherche en Kinésithérapie organisées à Bois-Larris au début des années 90, ont été redynamisées avec les JFK en 2007, 2009, 2011 et bientôt 2013;
– les livres "monographies de Bois-Larris" n’ont pas été repris (mais rien n’est perdu ! Nous n’avons pas dit notre dernier mot !);
– les "Annales de Kinésithérapie" sont devenues "Kinésithérapie, la revue";
– le réseau des anciens de Bois-Larris qui a alimenté la SDK (Société De Kinésithérapie) s’est transformé en Société Française de Physiothérapie avec des valeurs de diffusion et promotion du savoir intacts.
– une partie des intervenants de la formation continue qui étaient aussi à Bois-Larris ont retrouvé d’autres endroits pour enseigner. Les intervenants étrangers dont Elaine Maheu et Jochen Schumacher pour la Thérapie Manuelle Orthopédique sont à nouveau en France depuis peu 😉

Pour conclure

Une page s’est tournée définitivement sur ce que certains percevaient comme un "sérail" important de la profession et un tremplin pour plusieurs générations de kinésithérapeutes. Merci à toutes les personnes qui ont permis cela (merci à Eric Viel qui a sacrifié la partie principale de sa vie pour faire vivre l’endroit. Il a habité sur place plus de 30 ans entre ses différents voyages), et croisons les doigts pour que l’avenir transcende et dépasse cela.

Source : Gedda M. Une deuxième vie pour le fonds documentaire de « Bois-Larris ». Kinésithér rev 2012;126:6-10.

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Remerciements : Nous remercions les Editions Elsevier Masson pour l’autorisation gratuite de mise en ligne de l’article