Un avantage cliniquement significatif déterminé au score Oswestry Disability Index (ODI) et à l’EVA au repos et en activité permet de se prononcer sur l’intérêt de la kinésithérapie dans le traitement de la lombalgie.

Le seuil est de 10 points d’amélioration pour l’ODI, de 2/10 pour l’EVA.

L’hypothèse de départ de cette étude est de considérer que la kinésithérapie est cliniquement efficace.
Le recueil des données auprès d’une organisation nationale de kinésithérapie privée s’est fait de septembre 2013 à avril 2015, portant sur 40 variables disponibles auprès de 4597 patients lombalgiques non traités en chirurgie.

Résultats :

Une moyenne de 14,03 ± 7,67 séances ont été réalisées, réparties sur une moyenne de 44.56 ± 24,1 jours de prise en charge.

Concernant l’ODI :

986 ont été exclus parce qu’ils se plaignaient d’une lombalgie scorant moins de 10 sur l’ODI au début de l’étude.
Pour les 3611 patients effectivement analysés, le score moyen est passé de 20.9 à 15.3 à l’ODI. Seuls 28.5% des patients ont montré une amélioration clinique.
Une analyse multi-variée a montré que l’obésité, le fait de fumer, les souffrances nocturnes sont des variables prédictives des échecs du traitement kinésithérapique.

Concernant l’EVA au repos :

1503 patients ont été exclus parce qu’ils se plaignaient d’une lombalgie scorant moins de 2/10 à l’EVA au au début de l’étude.
Pour les 3094 patients analysés, le score moyen est passé de 4.4 à 2.3. Seuls 59% des patients ont montré une amélioration clinique.
Une analyse multi-variée a montré que l’obésité, le fait de fumer, les souffrances nocturnes, des antécédents psychiatriques et de troubles thrombo-emboliques sont des variables prédictives des échecs du traitement kinésithérapique.

L’ostéoporose est associée avec un taux plus important d’amélioration clinique.

Concernant l’EVA lors de l’activité :

427 patients ont été exclus parce qu’ils se plaignaient d’une lombalgie scorant moins de 2/10 à l’EVA au au début de l’étude.
Pour les 4170 patients analysés, le score moyen est passé de 7.2 à 4.5.  à 2.3. 60 % des patients ont montré une amélioration clinique.
Une analyse multi-variée a montré que le fait de fumer, les souffrances nocturnes, les compensations financières au travail (AT ?) sont des variables prédictives des échecs du traitement kinésithérapique.

Des antécédents de cancer est une variable associée avec un taux plus important d’amélioration clinique.

Discussion :

Les seuils déterminant les échecs ou réussites cliniques de traitement doivent être considérés avec précaution, puisque leur calcul varie selon les études. Ainsi, pour l’ODI, ils varient entre 8.2 et 19.9[11-14], pour l’EVA entre 1.2 et 4.5[11-14].

Une étude d’étendue similaire (6379 patients) considérait l’âge, la durée des symptômes, le fait de bénéficier d’une prise en charge et la consommation de médicaments comme des facteurs accompagnant de faibles résultats.

Ce qui pose question, c’est le nombre de prises en charge avec une absence de résultat clinique qui en vaut la peine.

Il reste que la kinésithérapie est d’une efficacité grandement supérieure aux autres prises en charge (infiltrations, chirurgie) et présente des risques d’effets secondaires franchement plus faibles. De ce point de vue, les auteurs considèrent qu’elle doit être proposée en premier lieu à une majorité de patients.

Les faiblesses de cette étude portent sur :

La variété des recueils concernant les facteurs de risques. Ainsi, la durée des symptômes avant prise en charge n’a pas pu être analysée précisément.
L’absence d’une prise en charge standard consensuelle et uniforme.
Le suivi qui varie de 1 à 35 semaines selon les études et ne permet pas une évaluation sur le long-terme.

Référence bibliographique :

Eleswarapu AS et al. How Effective is Physical Therapy for Common Low Back Pain Diagnoses? A Multivariate Analysis of 4597 Patients. Spine (Phila Pa 1976). 2016 Feb 15. Article en pré-publication.

Résumé disponible en ligne

Merci à Françis Grondin pour l’appui logistique !