Autogreffe de l
Retour en cette fin d’année sur l’autogreffe de l’extrémité supérieure du fémur, une intervention chirurgicale peu courante qui a été réalisée avec succès le 21 mai dernier par le Dr Pinelli dans le service du Professeur Nazarian de l’Hopital de la Conception à Marseille chez une patiente atteinte d’un sarcome de l’hémi-bassin droit.

Cette technique de reconstruction complexe (sollicitation possible d’un chirurgien viscéral) et longue (environ 12h) a été mise au point par un un chirurgien orthopédique toulousain, Jean Puget dans les années 80.

L’indication opératoire est une tumorectomie massive dans la zone cotyloïdienne ou son environnement qui va engendrer une grande perte de substance osseuse.
Les techniques chirurgicales classiquement utilisées sont des prothèses et des allogreffes de bassin (grande morbidité) ainsi que des arthrodèses fémoro-iliaques ou fémoro-ischiatiques (peu de fonctionnalité).

Une autre solution qui semble plus avantageuse d’un point de vue fonctionnel est la technique de Puget.
Elle consiste à sectionner l’extrémité supérieure du fémur jusqu’au petit trochanter ; la partie fémorale prélevée est alors tournée dans un sens ou dans l’autre, puis ostéosynthésée entre le moignon de l’aile iliaque et celui de la branche iliopubienne. Si le greffon est correctement positionné, on arrive à placer le massif trochantérien à peu près dans la situation anatomique de l’ancien cotyle. Enfin, on met en place une PTH traditionnelle.

La classification d’Enneking sert à définir les types de résection en fonction de la zone du bassin touchée : succinctement, la zone I correspond à l’aile iliaque (IA si la résection emporte les fessiers), la zone II à l’acétabulum et les parties adjacentes des branches ilio et ischio-pubiennes, et enfin, la zone III au cadre obturateur.

La technique d’autogreffe de l’extrémité supérieure du fémur homologue peut s’appliquer à chacune de ces trois zones à condition que le fémur proximal soit épargné par la tumeur (l’intégrité de cette pièce osseuse pouvant facilement être analysée par les examens paracliniques) et que sa taille permette l’implantation d’un cotyle de diamètre suffisant.

Il n’a pas été retrouvé dans la littérature d’éléments spécifiques quant à la prise en charge de ces cas en physiothérapie.

Pour certains chirurgiens, il semble que les zones II et III donnent les meilleurs résultats fonctionnels et que la zone I pose la problématique de la stabilité prothétique (par le sacrifice des muscles fessiers).

Je n’ai malheureusement pas réussi à entrer en contact avec le Dr Pinelli, le Dr Puget et les équipes de rééducation qui ont suivi leurs patients afin de discuter des techniques de rééducation post-op utilisées et du suivi à moyen et long terme de ces patients.

Si un des lecteurs d’Actukiné a déjà été confronté à ce genre d’intervention, qu’il n’hésite pas à nous faire partager son expérience.

Références bibliographiques :

J.-M. Laffosse, A.Pourcel, N. Reina, J.-L.Tricoire, P. Bonnevialle, P. Chiron, J.Puget. (2012) Primary tumor of the periacetabular region: Resection and reconstruction using a segmental ipsilateral femur autograft. Orthop Traumatol Surg Res. 2012 May;98(3):309-18. doi: 10.1016/j.otsr.2011.11.007. Epub 2012 Mar 29.

Résumé de l’article)

Thèse de Mourad KASSAB (2001) : « Reconstruction de la région cotyloïdienne par autogreffe de fémur proximal et prothèse ». Université Paris Val-De-Marne, Faculté de médecine de Créteil

Article soumis le 26 décembre 2012 et accepté le 3 janvier 2013