Les revues systématiques récentes (Chaibi et al.2014) confirment l’absence d’études et donc de preuves de l’efficacité de la thérapie manuelle dans le traitement des migraines.

A l’inverse la kinésithérapie est efficace pour traiter les céphalées de tension (Tension-Type), décrites dans une précédente note (Chaibi et al.2014) et pour traiter les céphalées cervicogéniques (Racicki et al. 2013).

Les céphalées cervicogéniques touchent environ 2% de la population, et représente 15 à 20% de l’ensemble des céphalées chroniques ou récurrentes. La céphalée cervicogénique est décrite comme provoquant des symptômes et signes impliquant le rachis cervical, à ne pas confondre avec les Tension-Type Headache qui auraient plus une origine musculaire.

Une étude relate l’absence d’amélioration des sujets souffrant de céphalées cervicogéniques suite à un traitement médicamenteux sur un suivi de 3 ans (Grande et al, 2011).

Par ailleurs, des médications inappropriées représentent un facteur potentiel pour sensibiliser le noyau trigéminal caudal (Krisfoffersen and Lundqvist, 2014), censé être l’une des théories majeures physiopathologiques des céphalées de tension et cervicogéniques.

La revue systématique (Racicki et al. 2013) rapporte certaines études proposant différents traitements efficaces :

1. Les manipulations cervicales….:

Je ne débattrais pas sur leurs dangerosités, risques, et voire leurs intérêts.

2. Les exercices :

Dans une étude (Jull 2002) de bonne qualité (8/10 sur l’échelle de Pedro), 200 patients ont été répartis en 4 groupes : un groupe mobilisations-manipulations du rachis cervical, un groupe mobilisations/manipulations+exercices, un groupe exercices seuls et un groupe contrôle.
Après 6 semaines de traitement composées de 8 à 12 sessions de 30 min, les résultats montrent que les trois propositions de traitement sont efficaces à 12 mois de suivi.

Cependant, le groupe thérapie manuelle seule a montré moins de bénéfices sur l’intensité et la fréquence des céphalées que le groupe exercice. Il y a peu de différence sur les résultats entre les groupes exercices seuls et mobilisations/manipulations+exercices. Les exercices de renforcement comprenaient en autre la flexion crânio-cervicale.

3. Self-snag :

Une étude de l’équipe de Toby Hall d’une bonne qualité (8/10 sur l’échelle de Pedro) a randomisé 36 patients en deux groupes. Un groupe de sujets (n=16) a bénéficié de 2 mobilisations en self-snag (Mulligan) en rotation du côté du FRT (flexion-rotation test) limité. Les sujets devaient ré-effectuer cette mobilisation 2 fois par jour. Ils ont été comparé à un groupe placebo. Après 4 semaines, et 12 mois de suivi, les résultats ont été significatifs sur l’Headache Index pour le groupe self-snag.

Références bibliographiques :

Racicki S, Gerwin S, Diclaudio S, Reinmann S, Donaldson M. Conservative physical therapy management for the treatment of cervicogenic headache: a systematic review. J Man Manip Ther. 2013 May;21(2):113-24. doi: 10.1179/2042618612Y.0000000025. Review.

Article en accès libre

Jull G, Trott P, Potter H, Zito G, Niere K, Shirley D, et al. A randomized controlled trial of exercise and manipulative therapy for cervicogenic headache. Spine (Phila Pa 1976). 2002;27:1835–43.

Article en accès libre

Hall T, Chan HT, Christensen L, Odenthal B, Wells C, Robinson K. Efficacy of a C1-C2 self-sustained natural apophyseal glide (SNAG) in the management of cervicogenic headache. JOSPT. 2007;37:100–7

Article en accès libre

Grande RB, Aaseth K, Benth JS, Lundqvist C, Russell MB (2011) Reduction in medication-overuse headache after short informa- tion. The Akershus study of chronic headache. Eur J Neurol 18(1):129–137

Kristoffersen ES, Lundqvist C. Medication-overuse headache: epidemiology, diagnosis and treatment. Ther Adv Drug Saf. 2014 Apr; 5(2): 87–99.

Article en accès libre

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