Congrès Alvéole 2012 : Electrostimulation et maladies chroniques (1/4)
La 1ère intervention du Pr Bigard intitulée "Electrostimulation : effets sur le muscle normal" a rappelé l’importance du positionnement des électrodes à proximité de points moteurs [1].
L’éditiorial de Maffiuletti paru dans l’European Journal of Applied Physiology [2] fait un état des lieux sur la pratique de l’électrostimulation et envisage des perspectives cliniques et de recherche.

Effets de l’ES

Bickel et al. nous précisent que l’ES produit :
– Au niveau temporel, un recrutement synchrone des fibres musculaires (alors qu’il est asynchrone lors de la contraction volontaire)
– Au niveau spatial, un recrutement des fibres regroupées sous le champ de l’électrode sans alternance, c’est-à-dire, qu’il n’y a pas de recrutement d’autres fibres à distance. A l’inverse, la contraction volontaire entraîne un recrutement dispersé et en alternance des fibres musculaires.
Cette absence d’alternance semble produire une fatigue plus importante lors de l’ES que lors de la contraction volontaire
– Un recrutement non sélectif des fibres lentes et rapides contrairement à ce que nous avons pu apprendre sur le recrutement d’abord des fibres lentes ou rapides suivant le type de courant utilisé [3].
L’ES sollicite préférentiellement le métabolisme glycolytique quelque soit le type de fibre musculaire.
L’ES de haute fréquence va entraîner des atteintes musculaires similaires à un travail volontaire excentrique à type de DOMS (Delayed Onset Muscle Soreness = courbatures)et d’augmentation d’activité de la créatine-kinase [4].

Efficacité chez le sujet sain et l’athlète

Gondin et al. ont mis en évidence par une revue de la littérature que l’ES de haute fréquence augmente significativement la force musculaire isométrique. Elle n’améliore pas la force dynamique, pliométrique sauf si elle est couplée à un entraînement volontaire [5]. Les résultats des études sont très divergents car les protocoles utilisés et les sujets recrutés sont souvent très différents.
Les auteurs précisent que l’ES est un moyen annexe ne remplaçant par le travail en salle.

Tolérance

Le manque de tolérance de l’ES peut limiter les effets attendus de celle-ci. L’ES peut être inconfortable voire être douloureuse (activation plus importante des aires sensorielle et motrice primaires, proportionnelle à l’augmentation de l’intensité de l’ES).
Une utilisation répétée permet aux sujets de mieux tolérer l’inconfort de l’ES [6].

A lire aussi la revue de Maffiuletti publiée en 2010 sur les effets physiologiques de l’ES (versus contraction volontaire) ainsi que sur les paramètres de l’ES.
Maffiuletti NA. Physiological and methodological considerations for the use of neuromuscular electrical stimulation. Eur J Appl Physiol. 2010 Sep;110(2):223-34.

Références :
[1] Gobbo M, Gaffurini P, Bissolotti L, Esposito F, Orizio C. Transcutaneous neuromuscular electrical stimulation: influence of electrode positioning and stimulus amplitude settings on muscle response. Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2451-9. Accès payant.
[2] Maffiuletti NA, Minetto MA, Farina D, Bottinelli R. Electrical stimulation for neuromuscular testing and training: state-of-the art and unresolved issues. Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2391-7. Accès gratuit.
[3] Bickel CS, Gregory CM, Dean JC. Motor unit recruitment during neuromuscular electrical stimulation: a critical appraisal. Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2399-407. Accès payant.
[4] Nosaka K, Aldayel A, Jubeau M, Chen TC. Muscle damage induced by electrical stimulation. Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2427-37. Accès payant.
[5] Gondin J, Cozzone PJ, Bendahan D. Is high-frequency neuromuscular electrical stimulation a suitable tool for muscle performance improvement in both healthy humans and athletes? Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2473-87. Accès payant.
[6] Jubeau M, Zory R, Gondin J, Martin A, Maffiuletti NA. Effect of electrostimulation training-detraining on neuromuscular fatigue mechanisms. Neurosci Lett. 2007 Aug 31;424(1):41-6. Accès payant.

Demain, les preuves de l’efficacité de l’ES dans les maladies chroniques.