Quels principes ?

Imaginer dans la position la plus proche possible de la tâche imaginée. Par exemple, debout en haut des escaliers pour imaginer les descendre.

Pour pratiquer l’imagerie motrice, il faut connaître le mouvement, il faut avoir déjà réalisé la tâche, le geste auparavant, cela ne doit pas être quelque chose de nouveau [1].

L’imagerie peut se faire suivant une perspective interne ou externe. La perspective interne "JE" semble plus intéressante [2].

Notion de congruence et d’incongruence de la tâche. Il faut privilégier une congruence entre la tâche imaginée et la tâche à exécuter, par exemple apprentissage dans le sens horaire et réalisation dans le sens horaire.

Il faut tenir compte de l’âge du sujet :

  • Les plus jeunes feront plus facilement de l’imagerie motrice avec une perspective interne "Je fais l’action",
  • Les plus âgés le feront plus facilement avec une perspective externe "Il fait l’action"

Il y a une diminution de la capacité à faire de l’imagerie mentale avec l’âge par diminution de la mémoire de travail.

La mémoire de travail est un élément important à prendre en considération. En effet, elle permet le stockage et la manipulation de l’information visuelle, verbale ou kinesthésique. Il y a une relation importante en capacité d’imagerie et mémoire de travail [3].

Yeux ouverts ? Yeux fermés ? Il n’y a pas de réponse précise. Fermer les yeux favoriserait la concentration pour certains mais la perception de l’environnement est importante en ayant les yeux ouverts.

Nous n’avons pas tous la même capacité à faire de l’imagerie mentale (pas que motrice), certains seront de "bons imageurs" d’autres de "mauvais imageurs". Ce caractère "bon imageur" peut concerner uniquement la modalité kinesthésique ou visuelle, etc. ou alors combiner différentes modalités [4]. Il est donc important d’évaluer cette aptitude.

Quelles qualités ? [5]

Isochronicité . Idéalement, le même temps est réalisé pour faire ou imaginer la tâche. Les temps imaginés et exécutés sont influencés par le type et la localisation de la lésion cérébrale.
=> Il faut donc un chronomètre.
Réponses du système nerveux autonome . Si vous imaginez monter un col alpin en vélo et que vous êtes un bon imageur, une augmentation de la fréquence cardiaque sera observé.
=> Vous pouvez utiliser un cardio-fréquencemètre pour évaluer cela.
Mesure du flux sanguin cérébral , principalement par IRM fonctionnelle. Ce n’est bien évident pas accessible en pratique clinique.
Utilisation d’auto-questionnaires . Il en existe plusieurs :
– Kinesthesic and Visual Imagery Questionnaire
– Mental Imagery Questionnaire-R
– Sport Imagery Ability Questionnaire
– Vividness of Motor Imagery Questionnaire
– Movement Imagery Questionnaire (dont la version française est validée)
Les scores initiaux obtenus à ces questionnaires ne doivent pas être utilisés pour exclure des patients concernant l’utilisation de l’imagerie motrice [6].

Prochaine étape : quelle efficacité chez le patient AVC ? Un point qui a été peu abordé lors du congrès.

Références

[1] Mulder T, Zijlstra S, Zijlstra W, Hochstenbach J. The role of motor imagery in learning a totally novel movement. Exp Brain Res. 2004 Jan;154(2):211-7.
[2] Maeda F, Kleiner-Fisman G, Pascual-Leone A. Motor facilitation while observing hand actions: specificity of the effect and role of observer’s orientation. J Neurophysiol. 2002 Mar;87(3):1329-35.
[3] Decety J, Grezes J. Neural mechanisms subserving the perception of human actions. Trends Cogn Sci. 1999;3:172–178.
[4] Guillot A, Collet C. The neurophysiological foundations of mental and motor imagery. OUP Oxford Edition, Oxford, 2010.
[5] Decety J. Do imagined and executed actions share the same neural substrate? Brain Res Cogn Brain Res. 1996 Mar;3(2):87-93.
[6] Dickstein R, Deutsch JE. Motor imagery in physical therapist practice. Phys Ther. 2007 Jul;87(7):942-53.