Fin de partie

« Voici quelques mois que je me demande comment je formulerai ce billet, ce que j’y dirai ou pas…

Dans 3 mois, je vais cesser mon activité et fermer mon cabinet. Je viens de coller une affiche sur la porte pour avertir mes patients.

Voilà.

Une perspective qui mûrissait depuis un an. Une décision depuis 9 mois.

Des raisons personnelles et professionnelles. Des motivations négatives et positives.

Sur le plan privé bien sûr. Je crois avoir suffisamment goûté d’un tel isolement. Les cinémas à 40 minutes, la gare principale à 1h20, les grandes villes à plus de 2 heures de route, le réseau téléphonique mité, la connexion ADSL anémique, ça commence à bien faire.

Et puis mon homme a des projets qu’il ne pourra pas envisager ici. Déjà qu’il se tape 2 heures et demie de voiture tous les jours depuis des mois, je ne vais pas lui demander de se sacrifier pour moi en continuant comme ça, ad vitam. Nous avons donc décidé de nous rapprocher d’une grande ville.

Et puis il y a les raisons professionnelles.

J’aime toujours la médecine générale, ce n’est pas le problème. Et j’aime en particulier mon exercice ici, à la campagne, riche et varié.
 Mais je dois bien reconnaître que, malgré la superbe maison médicale dans laquelle je suis, je commence à me fatiguer d’un environnement professionnel assez peu stimulant.

J’ai des relations cordiales avec mes confrères du secteur, mais, à une exception près, pas grand-chose à partager. Je ne les ai jamais vus aller en formation, même pour une seule journée. Aucun groupe de pairs, aucun groupe Balint à moins de 50 km.

Tout comme je me lasse d’un exercice qui finira un jour par tourner en rond faute d’évoluer.

Ainsi, il y a quelques patients pour lesquels, au bout de 8 ans, je ne sais plus vraiment quoi dire ou faire pour avancer. Sentiment de coller toujours les mêmes rustines sur une chambre à air qui fuit de partout. Oh, je n’aurais pas demandé à en être débarrassé ! Mais si quelqu’un avait pu poser un regard neuf pendant quelque temps, ça aurait été bien. Quitte à ce que je reprenne la main ensuite.

Si encore j’avais des stagiaires régulièrement… En cinq ans de maîtrise de stage, j’ai eu un unique interne. Trop éloigné de la Fac, les étudiants hésitent à faire autant de route, ce que je peux comprendre. Quant aux enseignants du Département de Médecine générale, ils fonctionnent entre eux, se répartissant volontiers cette main d’œuvre et rechignant visiblement à la partager…. »

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