JOUR 8 : quand y en a plus… !

Répétons-le, l’idée de ces notes n’était pas de s’en prendre à une technique particulière pour le plaisir. Ce qui a été écrit dans cette série pourrait tout à fait s’appliquer à d’autres techniques de thérapie manuelle (la rubrique commentaires peut vous aider à vous défouler sur ce point).

Alors que les physiothérapeutes français commencent doucettement à se réveiller vis-à-vis de l’EBP, certains auteurs d’articles ont bien compris qu’ils avaient un temps d’avance et produisent une littérature biaisée par intérêt financier : en clair, ils testent des produits à vendre en soignant le design de leurs études (voir notre note précédente). Les compétences d’analyse critique des praticiens vont être mises à rude épreuve car le simple fait qu’une littérature impliquant une technique soit disponible ne constitue plus un gage de sérieux…

Cette série a été décidée après avoir passé de longues heures à observer les comportements de thérapeutes sur les réseaux sociaux (souriez, vous êtes screenés !) : à titre d’exemple, nous retranscrivons une discussion plus ou moins fictive entre praticiens :
“Je voudrais faire un formation mais j’hésite entre dry needling et acupuncture : vous en pensez quoi ?”
“Fonce sur le dry needling, c’est bien plus scientifique !”
“Vous avez des études à m’envoyer sur le dry needling ?”
“Bien sûr, regarde tout ce qu’il existe par ici” (références)
“Ouah merci ! C’est du sérieux le dry needling : mon choix est fait !”

Apportons maintenant quelques corrections à cette discussion :
“Vous en pensez quoi du XXX” : cette question est plus à poser à des moteurs de recherche qu’à des praticiens sur des réseaux sociaux sinon vous allez vous retrouver avec des avis positifs de gens qui ont des liens et conflits d’intérêts (les formés/formateurs en XXX).
“Fonce sur le dry needling bien plus scientifique” : si l’idée des répondants à la question est de dire qu’il existe une littérature plus abondante en DN qu’en acupuncture, ils se trompent (l’acupuncture, qui est un pur placebo, a généré plusieurs milliers d’essais cliniques). Si l’idée des répondants à la question est de dire que la qualité des preuves est supérieure… ils devraient relire notre série depuis le début.
“Regarde tout ce qui existe” : nous voici au cœur du problème : le praticien demandeur de conseils va-t-il parcourir cette littérature de manière impartiale et studieuse ? En a-t-il le temps ? La volonté ? Les moyens d’analyse ?
“Allons-y pour le dry needling !” : non merci, pas pour le moment en tout cas…

Yannick Barde-Cabusson
Conflit d’intérêt vis-à-vis du dry needling : aucun