Entrainement à la marche des patients atteints de BPCO
Score PEDRO : 8/10

Méthode :
Type d’étude : Essai randomisé en 2 groupes : 1 d’entraînement à la marche (n = 18) et 1 d’entraînement sur cyclo-ergomètre (n = 18).
Critères d’inclusion : Score GOLD (Global Initiative for COPD classification) de I à IV.
Critères d’exclusion : Exacerbation de BPCO durant les 4 dernières semaines, présence de facteurs de co-morbidité, BMI ≥ 35 kg/m², aide de marche, ajout d’oxygène durant le réentraînement.

Intervention :
3 fois / semaine durant 8 semaines.
Session de 30 minutes la 1ère semaine avec une augmentation de 5 min toutes les 2 semaines pour atteindre un maximum de 45 min à la 6ème semaine.
Groupe "Marche" : tours sur un cercle de 26 m en intérieur avec une vitesse initiale à 75 % du pic réalisé lors du test de la navette. Un nombre de tours est à réaliser toutes les 5 min.
Groupe "Cyclo-ergomètre" : Entraînement à 60 % de la puissance maximale réalisée lors du test sur cyclo-ergomètre (épreuve triangulaire par palier).
Entraînement par le même physiothérapeute.

Critères mesurés :
1) Endurance(temps) à la marche (critère principal) et distance de marche par le test de la navette d’endurance (ESWT)
2) Endurance et puissance sur cyclo-ergomètre (epreuve triangulaire par palier) [ICT et ECT] avec mesure des réponses physiologiques
3) Qualité de vie par le questionnaire CRDQ
Chaque test a été réalisé 2 fois au départ. Le meilleur des 2 a été analysé.

Résultats :
32 patients ont fini l’étude (17 dans le groupe marche et 15 dans le groupe cyclo-ergomètre).
L’entraînement de marche augmente de manière significative l’endurance de marche (279 sec) par rapport au groupe cyclo-ergomètre. Aucune différence significative n’a été observée entre les 2 groupes concernant la qualité de vie, la distance de marche, la puissance et l’endurance au cyclo-ergomètre. Des résultats très similaires entre les 2 groupes sont retrouvés concernant ces critères.
A noter une amélioration clinique et statistique significative au questionnaire de qualité de vie (CRDQ) dans les 2 groupes ainsi qu’une diminution de la dyspnée, de la perception de l’effort, de la fréquence respiratoire (FR)au test d’effort.

Limites de l’étude reconnues par les auteurs : Pas de groupe contrôle sans entraînement. Pas de groupe comprenant les 2 modalités d’entraînement pour mettre en évidence un effet cumulatif éventuel. Pas d’analyse par le TDM6.

Conclusion des auteurs : Cette étude fournit des preuves pour l’inclusion de l’entraînement à la marche dans les programmes de réhabilitation des BPCO. L’entraînement à la marche réalisé dans l’étude peut être réalisé dans différents lieux car nécessite peu de matériel.

Commentaires :
1) Concernant les limites de l’étude :
– Les resultats obtenus confirment les données existantes sur les bénéfices attendus d’un programme de réentrainement à l’effort (Lacasse
– L’étude n’offre pas la possibilité de répondre à ces questions pourtant utiles : Quels sont les effets de l’entrainement à la marche (pas de groupe contrôle) ? Quels sont les effets de l’entrainement marche + cyclo-ergomètre (pas de groupe mixte pourtant reflet des programmes de réentraînement à l’effort)?

2) Concernant l’inclusion des patients :
Seuls les patients ne nécessitant pas d’apport en O2 à l’effort, ni d’aide à la marche et ne présentant pas d’obésité sévère ont été inclus. Ces résultats ne concernent donc uniquement que la population définie par les auteurs.

3) Concernant l’intervention :
Nous nous interrogeons sur le confort en vue d’une adhésion à ce type d’entrainement d’une marche sur un parcours intérieur circulaire de 26 m (ATS 2002).

4) Pour aller plus loin : Le recours au TM6 aurait permis d’appuyer les résultats sur un seuil clinique significatif (Redelmeir,

Conclusion d’ActuKiné
Cette étude suggère que le temps d’endurance mesuré par l’ESWT (test navette d’endurance) est plus discriminant pour évaluer l’endurance à l’effort que la distance de marche mesurée lors du test navette ou que l’endurance sur cyclo-ergomètre. Elle confirme ainsi les résultats décrits par Ambrosino ou Revill après réentrainement à l’effort.

Référence : Leung RWM, Alison JA, McKeough ZJ, Peters MJ (2010) Ground walk training improves functional exercise capacity more than cycle training in people with chronic obstructive pulmonary disease (COPD): a randomised trial. Journal of Physiotherapy 56: 105–112.

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Rédigé par Antoine Zaczyk et JCEVD