L’enseignement en kinésithérapie a connu plusieurs tournants avec des choix des instances professionnels qui ont eu des retombées sur le niveau des praticiens et des enseignants.
Après mai 68, les écoles dentaires passaient à l’Université; alors que les écoles kinés se confortaient pour la plupart dans des écoles privées et passaient de 2 à 3 ans d’études. Regardons où sont arrivés les chirurgiens dentistes maintenant.

En 2015, les représentants professionnels, qui revendiquaient un master universitaire en 5 ans, n’ont obtenu ni le passage à l’Université, ni le grade de master. Les IFMK privés pourront continuer à vivre avec une 4ème année et les représentants professionnels pourront continuer à organiser des réunions d’enfumage sur "vive la recherche en Kinésithérapie en France".
Le Sénat vient de rejeter le passage de la formation initiale à l’Université.
Quand à la FNEK qui cherche à faire baisser le coût des études pour les étudiants, elle va voir une augmentation des tarifs lié à une 4é année à financer.

Pendant ce temps-là, le train de la kinésithérapie/physiothérapie moderne continue d’avancer avec des conférences internationales qui proposent des retombées directes en pratique notamment en terme de contrôle moteur pour les lombalgiques (le 17 octobre à Chicago)
Les intervenants viennent d’Europe, d’Australie et d’Amérique, aucun de France. Quand aux auditeurs dans la salle, les français que l’on rencontrera là-bas seront surtout des STAPS-APA qui progressent d’année en année (Ils sont universitaires pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué).
La moyenne européenne de la formation initiale est à 210 ECTS avec des facultés de kinésithérapie intégrées dans celles de médecine, des sciences du mouvement, des sciences de la santé ou des professions de santé et ce format permet des sorties à différents niveaux avec un effet pyramidal qui tire la profession vers le haut. Les intervenants cités dans la conférence de Chicago ont suivi un parcours de formation initiale de 3,5 ou 4 ans et ont ensuite poursuivi. Alors que les étudiants et représentants français ont hurlé "master en 5 ans pour tous", nous attendrons de nombreuses années pour être intégrés complètement.

Si vous voulez vous remonter le moral, regardez les 35 thématiques présentées au Salon Rééduca d’octobre 2015 à Paris qui représentent le "marché et l’état actuel de la profession" : électrothérapie, huiles essentielles, physiothérapie, aromathérapie, cryothérapie, phytothérapie, dépresso-massage, ostéologie, vacuothérapie, appareils de chaleur, électrostimulation, appareils de remise en forme, appareils d’ultrasonothérapie, matériel de cardio-training, luminothérapie – UV, traumatologie du sport, balnéothérapie, presse professionnelle, hydrothérapie, vêtements professionnels, spas, saunas, enseignements, hammams, logiciels informatiques de gestion de cabinets, pressothérapie, assurances, crèmes de massage, organismes de financement, tables de massage, organisme de représentation, appareil d’amincissement, endermologie, produits naturels (source page 39 de Kiné Actualité du jeudi 24 septembre 2015).

C’est vrai que les cataplasmes chauds, comme ceux de la bouse de vache, ont des vertus thérapeutiques anti-inflammatoires et cicatrisantes mais au final c’est quand même faire de la m…. et les médecins qui cherchent à réduire les dépenses posent l’intérêt de rembourser cela (commentaire de la FFMKR "propos insultants")

Bref, il y a une partie de la profession qui utilisent des adjuvants et font tourner les patients dessus, une partie qui parade en disant que la France est trop forte et une dernière qui rêve de recherche en kinésithérapie mais qui ne met en place aucune stratégie d’implémentation des recommandations internationales existantes (combien de kinésithérapeutes ou enseignants peuvent citer les résultats de 20 essais contrôlés randomisés de mémoire ? Combien de congrès de synthèse des recommandations de bonnes pratiques actuellement disponibles ?).

Prochain rendez-vous en …

PS : lien vers un article connexe