La Science poursuit son développement en s’éloignant des religions et développe la pharmacopée pour soulager la douleur. Le rationalisme succède à l’humanisme de la Renaissance. C’est une époque de recherche d’objectivité où des questions comme l’utilité de la douleur ou encore la véracité de son expression se posent.

René Descartes est sans conteste l’une des figures emblématiques de cette période. C’est l’époque du célèbre Cogito (« Cogito Ergo Sum = Je pense donc j’existe ») qui sépare l’Homme des animaux (« l’animal ne souffre pas puisqu’il ne pense pas qu’il souffre »). La vision de Descartes sur la douleur aura de lourdes conséquences qui se prolongeront jusqu’à nos jours. En posant le problème du dualisme corps-esprit, il considère la douleur comme un phénomène purement sensoriel complétement séparé des influences supérieures (il situe la convergence des sensations en un seul endroit : la glande pinéale). Cette vision mécaniste influencera les praticiens pendant des siècles en leur présentant la douleur comme un processus de causalité linéaire.

Face au redoutable problème du dualisme (le « body-mind problem » des anglo-saxons), Baruch Spinoza propose un rapprochement à travers son monisme où il considère le corps et l’esprit comme «une seule et même chose, mais exprimée de deux manières». Ce modèle fournira un cadre de pensée satisfaisant aux neurosciences. Un autre point important du Spinozisme est l’accent placé sur le savoir du patient douloureux : utiliser la connaissance pour comprendre sa douleur permet de ne plus la subir ; cette notion qui était particulièrement cruciale à l’époque où la religion proposait des explications fantaisistes sur la douleur l’est encore de nos jours au point d’être une base fondamentale de travail en médecine (éducation thérapeutique, notion « d’empowerment », etc.).

Schématiquement, trois écoles médicales s’affrontent :
Les mécanistes (Descartes) qui considèrent le corps comme un système fonctionnant sur le principe d’action-réaction et la douleur comme la conséquence d’une distension de diverses fibres élastiques.
Les animistes (Boissier de Sauvages) qui pensent que la douleur est le signe d’un conflit (psychologique) intérieur, une somatisation qui résulte d’une perturbation de l’équilibre entre âme et raison.
Les vitalistes (Cabanis) qui abordent la douleur comme un phénomène qui nécessite l’action volontaire du sujet et implique une rivalité entre les sensations (douleur-plaisir).

La vision de la douleur se précise donc au 18ème : on commence à la percevoir comme un signal d’alarme (un avertisseur du danger) et on lui reconnait l’implication nécessaire de la conscience. Mais il reste du chemin à parcourir …

A suivre…

Pour en savoir plus :