Immobilisation post-opératoire après chirurgie d’une rupture de la coiffe des rotateurs
Les auteurs de cette étude se sont intéressés à déterminer si la position d’immobilisation optimale post-opératoire variait en fonction de la nature des muscles à réparer et de la sévérité de la déchirure.

Voici le résumé de l’article :

Contexte :

Une période d’immobilisation de l’épaule suit la réparation chirurgicale des déchirures de la coiffe des rotateurs. Elle a pour but de protéger ce geste chirurgical d’une rupture itérative. Cependant, il n’existe aucun consensus concernant la meilleure position d’immobilisation de l’épaule pendant la phase post-opératoire.

Or, la tension passive sur la coiffe des rotateurs est influencée par le positionnement de l’épaule. Des études portent sur les forces de tension au sein du supra-épineux par rapport à la position de l’épaule mais celles-ci ne s’intéressent qu’aux déchirures isolées de ce muscle. Pourtant, la rupture du supra-épineux peut aussi être associée à celle de l’infra-épineux et/ou du subscapulaire.

Question de recherche :

Quelles sont les relations entre la position d’immobilisation optimale de l’épaule après réparation chirurgicale de la coiffe, les muscles réparés et la sévérité de la déchirure ?

Hypothèse :

La position d’immobilisation optimale de l’épaule nécessiterait que l’amplitude de l’élévation augmente avec la sévérité de la déchirure et que le plan d’élévation diffère selon les muscles réparés.

Méthode :

Utilisation d’un modèle musculo-squelettique générique.
Trois déchirures transfixiantes ont été simulées : déchirure transfixiante du supra-épineux, déchirure transfixiante du supra-épineux et de l’infra-épineux et déchirure transfixiante du supra-épineux et du subscapulaire.

Pour chaque déchirure, les auteurs ont simulé la taille de la brèche de 0 à 20 mm (par incrément de 5 mm). Les contraintes générées dans les tendons pour chaque taille de déchirure ont été comparées entre position d’immobilisation optimale et position neutre (position le bras le long du corps).

Résultats :

Pour une déchirure du tendon du supra-épineux :

La position d’immobilisation optimale requise de l’épaule pour cette rupture isolée était avec l’humérus élevé dans un plan proche de celui de la scapula, avec un angle augmentant de 61° à 109° et un plan s’antériorisant de 13° à 37° par rapport au plan frontal avec la sévérité de la déchirure. Les résultats suggèrent une rotation neutre ou une légère rotation médiale.

Pour une même taille de déchirure, les contraintes sur le tendon ont diminué de 76% à 90% dans les positions d’immobilisation optimales par rapport à la position neutre.

Pour une déchirure des tendons du supra-épineux et de l’infra-épineux :

La position d’immobilisation optimale requise de l’épaule pour cette rupture était avec l’humérus élevé dans un plan compris entre les plans scapulaire et frontal, avec un angle augmentant de 61° à 106°. Les résultats suggèrent une rotation neutre ou une légère rotation médiale.

Pour une même taille de déchirure, les contraintes ont diminué de 76% à 83% pour le tendon du supra-épineux et de 29% à 47% pour le tendon de l’infra-épineux dans les positions d’immobilisation optimales par rapport à la position neutre.

Pour une déchirure des tendons du supra-épineux et du subscapulaire :

La position d’immobilisation optimale requise de l’épaule pour cette rupture était avec l’humérus élevé dans un plan antérieur au plan scapulaire, avec un angle augmentant de 58° à 70°, un plan s’antériorisant de 28° à 77° par rapport au plan frontal et une rotation médiale variant de 35° à 60° avec la sévérité de la déchirure.

Pour une même taille de déchirure, les contraintes ont diminué de 67% à 81% pour le tendon du supra-épineux et de 79% à 87% pour le tendon du subscapulaire dans les positions d’immobilisation optimales par rapport à la position neutre.

Limites de l’étude :

Les auteurs rapportent deux limites à leur étude. La première est l’utilisation d’une condition de déchirure uniquement transfixiante, ne reflétant pas toutes les conditions de déchirure que les patients peuvent présenter (comme par exemple les ruptures partielles). La deuxième est l’utilisation d’un modèle musculo-squelettique générique qui ne reflète pas la variabilité des paramètres musculo-squelettiques entre patients.

Conclusion des auteurs :

La position d’immobilisation post-chirurgicale optimale de l’épaule dépend à la fois des muscles réparés et de la sévérité de la déchirure.

Référence bibliographique :

Jackson M, Tétreault P, Allard P, Begon M. Optimal shoulder immobilization postures following surgical repair of rotator cuff tears: a simulation analysis. J Shoulder Elbow Surg. 2013 Jan 24. pii: S1058-2746(12)00517-4. doi: 10.1016/j.jse.2012.10.042. [Epub ahead of print]