Ce développement narratif, publié chez JAMA insights aborde la question du système de précaution gouttelettes, contact et air mis en place par l’OMS. L’auteur de cette publication nous y explique que si la distance recommandée entre deux individus est de 1m pour l’OMS et de 2m pour le CDC des USA (centre for diseases control and prevention), la réalité pourrait probablement imposer une distance plus importante et des précautions renforcées. Attention, la publication utilisée propose des niveaux de preuves faibles, mais lisez jusqu’au bout !

En théorie, lors d’un éternuement ou d’une projection provenant d’un patient, des micro-gouttelettes se forment et sont expulsées dans l’environnement proche. Ces gouttelettes sont de toutes tailles (de petits à grandes et toutes les tailles sont présentes).

Dans les systèmes théoriques, les gouttelettes les plus fines s’évaporent très rapidement, tandis que les plus larges peuvent se déposer avant que l’évaporation ait eu lieu.

La séparation entre “petites” et “grandes” gouttelettes reste, selon l’auteure de l’étude, un élément clé des modèles de transmissions de maladies aujourd’hui, et notamment ceux adoptés par l’OMS.
En effet, la taille estimée des gouttelettes nécessaires à la transmission virale est utilisée pour définir le risque de transmission en “gouttelettes”, ou “air”.

Cependant, si ce modèle repose sur des éléments théoriques d’évaporation des gouttelettes, des travaux récents ont montré que lors d’un éternuement (ou dans une plus faible mesure une toux ou une expiration), ce modèle théorique était peu applicable. Là où l’on pensait voir s’évaporer les plus petites gouttelettes, il n’en est rien, du moins pas immédiatement.
En réalité, le souffle d’expulsion projetterait un nuage de gaz tourbillonnants contenant des gouttelettes de toutes les tailles (la classification en grande ou petite semble insuffisante. il s’agirait plutôt d’un continuum de tailles). Sur les périphéries du nuage, l’évaporation se produirait comme dans le système théorique. En revanche, les petites gouttelettes contenues à l’intérieur du nuage (sensées s’évaporer dans le système théorique) sont alors dans un environnement protégé et sont transportées plus loin.
Plus le nuage est rapide, et donc que les gaz qui le forment sont turbulents, plus les gouttelettes sont protégées.

Là où l’on pensait qu’un tel nuage voyait sa charge virale potentielle se réduire drastiquement en 1 ou 2m et en moins de 5 secondes, les modélisations annoncent des projections à 7-8m et des gouttelettes de petites tailles persistant pendant plusieurs minutes dans l’environnement aérien, et seraient disséminées bien plus largement par le nuage de gaz.

Donc cela signifie qu’au lieu de se retrouver avec quelques gouttelettes de grandes tailles uniquement projetées à quelques mètres, la réalité serait plutôt une dissémination de gouttelettes bien plus nombreuses, de toutes tailles, dans un espace élargi. le risque serait sous-évalué.

Gardons à l’esprit que l’infectiosité des pathogènes contenus dans ces gouttelettes est encore peu connue, notamment pour le SARS-COV-2. Qu’il s’agisse de matière sèche après évaporation ou de suspension aérienne.

Si ces phénomènes sont bien réels, réduire la vitesse du nuage semble être une option tout à fait cohérente. Bien que non testé pour cet usage, le port d’un masque (même tissu ou chirurgical) semble être une solution possible pour réduire la vélocité des gaz émis. qu’ils soient à destination des soignants, ou qu’ils soient destinés au grand publique.

A nouveau, nous soulignons le niveau de preuve faible de cette publication, et vous incitons à la lire en connaissance de cause.

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source : Bourouiba, L. (2020). Turbulent Gas Clouds and Respiratory Pathogen Emissions. JAMA. doi:10.1001/jama.2020.4756