Kinesiotaping: Magic-tape ou placebo-tape ?
Ces derniers JO ont été particulièrement colorés, grace notamment à ces bandes que les sportifs ont fièrement exhibés durant toutes les épreuves olympiques. Mais à quoi pouvaient donc bien servir ces bandes ? Etait-ce un sponsor olympique ou bien était-ce à usage thérapeutique ? Une aussi grosse médiatisation d’une technique kinésithérapique mérite bien que l’on s’y intéresse de plus près. Quelle est donc l’efficacité de ces bandes colorées et pour quel usage sont-elles destinées?

Petit rappel historique:
Dans les années 1970, le Dr Kenzo Kase était déjà un praticien japonais bien connu licencié en chiropratique et acupuncture. Il a développé cette bande, qui a une texture et une élasticité très proche de la peau humaine vivante, en réponse à des limites qu’il rencontrait dans son travail avec les tape rigides.
A noter que le terme tape signifie en francais bande adhésive inextensible, la bande adhésive extensible s’appelle elle strapping en anglais.
Source d’informations: kinesiotaping.com

Effets supposés

L’argument comme quoi "si tant de personnes l’utilisent c’est que ça doit etre efficace" (preuve sociale ne tenant pas la route et ne constituant pas une preuve suffisante en soit comme en attestent ces quelques artifices utilisés par ces memes sportifs (bracelets magnétiques, arnica, "dilatateurs de narines" …).
Et que l’experience personnelle à mon grand regret ne suffit pas à démontrer l’efficacité d’un traitement compte tenu des nombreux biais de confusions obstruant notre évaluation clinique. Une petite revue de littérature nous permettra d’y voir peut etre un peu plus clair dans toutes ces couleurs.

Une Première revue de littérature publiée en fevrier 2012 rassemble 10 essais controlés (randomisés ou non) dans le domaine musculosquelettique seulement. Elle ne retrouve à priori que des données discordantes ou en faveur d’un effet non cliniquement pertinent des bandes.
A noter que cette revue semble limitée dans la recherche d’articles (5 bases de données électroniques et restriction à la langue anglaise) et que l’analyse de la qualité méthodologique des essais clinique inclus suggère une qualité méthodologique médiocre, notamment l’absence d’insu des patients et des évaluateur

La dernière revue de littérature à ce jour vient elle d’être publiée ce mois-ci. Elle rassemble 8 essais cliniques randomisés (6 en musculosquelettique, 1 en cancer et 1 en neurologie centrale). La conclusion est que des preuves limitées ou modérées suggèrent l’absence de bénéfice cliniquement pertinents des bandes comparativement à des bandes placebo ou des tape classiques.

Conclusions:
Les études sont nombreuses sur le kinesiotaping, mais les études de bonnes qualité sont encore rares et ne permettent donc pas de se prononcer sur l’efficacité des bandes de kinesiotaping, des etudes de meilleures qualité sont donc nécessaires pour savoir si l’on peut intégrer cet outil avec confiance dans notre arsenal.
Les affirmations de certaines institutions ou personnes et les preuves disponibles diffèrent encore une fois.
Espérons qu’un jour nous seront capables de fonder notre décision clinique aussi sur la base des meilleures preuves disponibles, même si cela peut nuire à notre égo, tant que le patient en tire un bénéfice éprouvé…