La Thérapie Manuelle (sans manipulation) est plus efficace et moins chère que la prise en charge médicale ou kinésithérapie classique
Au cours de ces 2 derniers mois, il n’y a pas une seule journée où des patients, des kinésithérapeutes ne m’ont pas interrogé sur la "Thérapie Manuelle Orthopédique" et sa différence avec la chiropractie ou l’ostéopathie.

Il y a 15 ans, les mêmes personnes me demandaient si les australiens étaient vraiment plus avancés que nous dans ce domaine, alors qu’il faisait de la physiothérapie (dans la tête de mes confrères francophones de l’époque, la physiothérapie c’était l’application d’agents physiques).

Aujourd’hui, une bonne partie des kinésithérapeutes français se rendent compte que la Physiothérapie en Australie a une reconnaissance académique (en terme de publications et statut universitaire) et en terme de recherche clinique. Cela a pris du temps, mais cela semble mieux apprécié. Le terme "physiothérapie" dans sa représentation française a évolué un peu et une partie de plus en plus importante de la profession se rend compte que c’est le nom générique de notre profession.

Il y a 20 ans, les physical therapists (les kinés américains) étaient en train de créer leur première association de Thérapie Manuelle Orthopédique (AAOMPT). A l’époque, la chiropractie était un standard pour les manipulations aux USA…
Je vous invite à lire l’article de Joseph Farrell, sur la comparaison des différents concepts qui sous-tendent les thérapies manuelles.
Manual Therapy : A critical assessment of role in the profession of Physical Therapy. Phys Ther 1992;72:843-52

Vous pourrez lire dans ce texte, sur quoi repose les différents concepts et la philosophe qui sous-tend : Cyriax, Mennell, Ostéopathie, Maitland, Kaltenborn, McKenzie. Ce numéro spécial "Thérapie Manuelle" du journal "Physical Therapy" a été un signe de ralliement pour toute la profession et la mise en route d’une véritable voie de Thérapie Manuelle Orthopédique aux USA (et son entrée dans l’IFOMPT, la même année).

L’émancipation moderne de la profession de Kinésithérapie, n’est pas d’aligner les techniques les unes après les autres en espérant que l’une fonctionne (d’où les publications de livres qui vous listent des techniques, les unes après les autres en fonction de pathologies ou d’approches structurelles). L’émancipation telle qu’elle a été développée depuis déjà de nombreuses années par de nombreux consoeurs et confrères est de cibler le bon geste, pour le bon patient au bon moment. Pour mémoriser cela, nous pourrions dire "ne pas aller à la pêche mais aller à la chasse". Et cela en s’appuyant sur des bases scientifiques solides. En d’autres termes, un raisonnement clinique fondé sur des preuves.

Pour illustrer cela, vous pouvez lire un article publié dans le British Medical Journal en 2003 par des collègues néerlandais (qui sont en Europe, ceux qui ont une plus grande qualité de publications fondées sur les preuves). Il a été comparé la prise en charge de cervicalgiques dans 3 groupes :
– médecine générale (10 minutes) : conseils, sur les problèmes cervicaux, quelques exercices et applications de chaleur, etc.);
– kinésithérapie (12 séances de 30 minutes de kiné pouvant utiliser les techniques suivantes : exercice, détente musculaire, étirement musculaire, exercices posturaux et fonctionnels, massage et traction éventuelle);
– Thérapie manuelle (6 séances (maximum) de 45 minutes une fois par semaine) : mobilisation spécifique sans manipulation, mobilisation musculaire, coordination et stabilisation pratiquées par des kinésithérapeutes spécialisés en Thérapie Manuelle et ayant réalisé 3 ans de formation supplémentaire après leur diplôme (obtenu là-bas en 3 ans et demi).

Les résultats démontrent que les traitements les moins chers et le plus efficaces sont ceux qui utilisent la Thérapie Manuelle.
Korthals-de Bos IBC et al. Cost effectiveness of physiotherapy, manual therapy, and general practitioner care for neck pain: economic evaluation alongside a randomised controlled trial. BMJ 2003;326:911-4

Comment ses informations circulent dans les IFMK ? Est-ce que les jeunes kinésithérapeutes fraîchement diplômés connaissent ce type d’articles? Est-ce qu’il y a une analyse approfondie des implications pour une profession ? Sommes-nous prêts à évoluer ?

Cette note n’est pas un point de vue exhaustif et ne reprend l’extraction que de 2 articles qui ne représentent pas l’ensemble de la littérature sur le sujet. Elle a été rédigée pour montrer des exemples concrets de publications qui ont pour objectif de faire évoluer des débats sur des données concrètes et ainsi dépassionner les conflits d’égos ou de personnalités.
Si des personnes souhaitent participer à la construction d’une association de Thérapie Manuelle Orthopédique, veuillez adresser un e-mail à p.trudelle@wanadoo.fr