Introduction

Chaque année, l’International Association for the Study of Pain met l’accent sur un aspect différent de la douleur et en explore les implications globales. L’année 2014/2015 est consacrée aux douleurs neuropathiques.
Actukiné vous propose donc à cette occasion une série d’articles consacrés aux douleurs neuropathiques, et plus particulièrement les douleurs neuropathiques centrales.
Les informations présentent dans ce premier article sont toutes issues des documents produits par le groupe d’interet sur les douleurs neuropathiques de l’IASP pour cette occasion.

Définition

Selon l’IASP, la douleur neuropathique est définie comme "une douleur qui est la conséquence directe d’une lésion ou d’une maladie touchant le système somatosensoriel."
Elle distingue les douleurs neuropathiques périphériques et centrales.
Une douleur neuropathique périphérique peut être provoquée par une lésion ou par une maladie d’un nerf. Les causes importantes sont : les radiculopathies lombaires (« sciatique »), les névralgies post-zostériennes (douleurs persistantes après un épisode de zona), les neuropathies diabétiques, les neuropathies liées au VIH et les douleurs chroniques post-chirurgicales.
Une douleur neuropathique centrale peut apparaître après un AVC (accident vasculaire cérébral) ou une lésion de la moelle épinière, au cours de la sclérose en plaques ou d’autres pathologies neurologiques et métaboliques.

Epidémiologie

Incidence et prévalence
• Des études sur la population générale, utilisant des instruments de dépistage validés, ont montré que 7 à 8 % des adultes souffraient de douleurs chroniques à caractère neuropathique.
• On a démontré dans une étude hollandaise que l’incidence (nouveaux cas) des douleurs neuropathiques était d’environ 8 cas pour 1 000 personnes-années.
• Une étude en Allemagne a montré que 37 % des patients soignés dans des centres de soins primaires pour une douleur chronique du bas du dos souffraient principalement de douleurs neuropathiques. Ce chiffre était équivalent aux 14 % de femmes et aux 11 % d’hommes en Allemagne.
• Au Royaume-Uni, on a démontré que 26 % des patients diabétiques souffraient de douleurs neuropathiques périphériques. Au niveau mondial, ce chiffre se traduit par 47 millions de personnes, chiffre qui augmentera au même rythme que la croissance de la prévalence du diabète (de 2,8 % en 2000 à une estimation de 4,4 % en 2030).
• Parmi les 33 millions de personnes infectées par le VIH à travers le monde, environ 35 % souffrent de douleurs neuropathiques qui ne répondent pas bien aux traitements classiques.
• Une étude norvégienne a montré que 40 % des patients souffraient d’une douleur persistante après une intervention chirurgicale ; parmi ceux-ci, un quart des cas présentait des caractéristiques de douleurs neuropathiques. La douleur neuropathique post-chirurgicale est plus susceptible d’être plus intense et plus persistante qu’une douleur neuropathique non post-chirurgicale.
• Environ 20 % (18,7 à 21,4 %) des patients atteints d’un cancer souffrent de douleurs neuropathiques liées au cancer, dues soit à la maladie, soit au traitement.
• L’incidence tout au long de la vie d’un zona est d’environ 25 %. Des études réalisées aux États-Unis et aux Pays-Bas ont montré que 2,6 % et 10 %, respectivement, développeront une névralgie chronique post-zostérienne.
• Une douleur centrale survient chez environ 8 % des patients victimes d’un AVC, 25 % des patients atteints de sclérose en plaques et 67 % des patients atteints de lésions de la moelle épinière.

Facteurs de risque et prévention
• Il est possible de réduire l’incidence, la prévalence et l’impact des douleurs neuropathiques en s’attelant aux facteurs de risques généraux, aux facteurs de risque spécifiques ainsi qu’aux traitements dont l’efficacité est reconnue.
• Les facteurs de risque généraux concernant les douleurs neuropathiques sont identiques à ceux des douleurs chroniques en général et incluent un âge avancé, le sexe féminin, la frustration relative, un manque d’activité physique et une occupation manuelle, avec la preuve de plus en plus évidente de l’origine génétique. La plupart de ces facteurs ne peuvent pas être modifiés, mais ils indiquent le taux de risque global.
• Les facteurs de risque spécifiques correspondent à ceux qui augmentent le risque des maladies sous-jacentes ainsi que ceux qui augmentent le risque de douleur neuropathique lorsque ces maladies sont présentes.
Par exemple, l’incidence du diabète pourrait être réduite en portant une attention à l’alimentation et à l’exercice physique. En cas de diabète, le respect d’un bon contrôle glycémique réduit l’apparition de douleurs neuropathiques.
De la même façon, réduire la nécessité d’intervention chirurgicale (par exemple, en améliorant l’état de santé général et la santé physique) et éviter les interventions chirurgicales qui ne sont pas nécessaires diminuerait l’incidence des douleurs neuropathiques post-chirurgicales. Une intervention chirurgicale pratiquée chez des sujets plus jeunes est associée à une incidence plus élevée de ce type de douleurs et la recherche examine actuellement les effets de différentes techniques chirurgicales, du traitement de la douleur peropératoire ainsi que la prise en considération des facteurs psychologiques.
Une hypersensibilité sensorielle précoce semble prédire le développement d’une douleur centrale. Peu de choses sont connues concernant d’autres facteurs de risque éventuels des douleurs neuropathiques centrales.

La connaissance de la douleur neuropathique (par les patients et les professionnels) et l’accès à une prévention efficace et aux traitements sont les facteurs les plus importants pour prévenir ou réduire l’incidence, la prévalence et l’impact des douleurs neuropathiques.

Physiopathologie et mécanismes d’actions

Les mécanismes physiologiques à l’origine des douleurs neuropathiques sont encore incertains, de nombreuses expérimentations sur l’animal ont été réalisées pour appréhender les modifications biologiques et structurelles qui pourraient expliquer l’apparition et le développement des douleurs neuropathiques mais à ce jour aucun modèle n’est certain.
Ce qui semble ressortir de ces études est le phénomène bien connu maintenant des lecteurs d’Actukine: la sensibilisation du système nerveux (centrale et périphérique).
Pour en savoir plus, le fichier ci-dessous synthétise brièvement les données issues de ces expèriences sur l’animal.