Cochrane publie en ce début d’année un revue systématique avec méta-analyse sur les effets du yoga sur la lombalgie chronique non spécifique.
Le grand Tirumalai Krishnamacharya, un des maîtres yogi décédé à l’âge vénérable de 101 ans en 1989, considéré comme un praticien de médecine ayurvédique, enseignait dès 1924 dans sa première école à Mysore les bienfaits, autant spirituel que physique, de la pratique du yoga sur de multiples maux de l’homme.
Par la suite, le yoga a été évalué à de nombreuses reprises dans la littérature scientifique.

Cette revue fait le point sur cette approche à propos de la lombalgie chronique non spécifique.

Premier constat, la méthodologie des etudes sur le sujet manquent de rigueur et ouvrent la voie à de nombreux biais (pas de critère d’aveugle pour les évaluateurs), ce qui invite les auteurs à rétrograder leur niveau de preuve de modéré à faible pour beaucoup de critères.

La métananalyse évalue pas moins de 33 comparaisons statistiques réparties en 6 catégories.

Comparison 1. Yoga versus non-exercise control
en faveur du yoga pour l’amélioration de la fonction, l’amélioration clinique, moins évident sur la douleur et la qualité de vie physique, même si l’intervalle de confiance penche du coté du yoga. Surprise ! pas d’amélioration dans la qualité de vie mentale sauf dans le cas de dépression.

Comparison 2. Yoga versus exercise
Si on ne départage pas les deux approches sur le plan fonctionnel, le yoga l’emporte sur le plan de la qualité de vie physique, mentale et de la douleur.

Comparison 3. Yoga plus exercise versus exercise seul
L’intervalle de confiance penche du coté du binôme yoga exercice sans s’extraire du "0" sur les plans des fonctions et de la douleur.

La revue reprend les trois catégories et étudie ensuite la sensibilité des résultats en fonction de la sélection des études, et des données. Elle crée des sous groupes en fonction de critères méthodologiques, comme les études de hautes qualité par exemple.
C’est là que le coté rétropédalage intervient sur le niveau de preuve car la taille des effets mesurés dans ces conditions diminuent, il y a donc sans doute dans l’ensemble des études des biais qui surestiment les effets du yoga.

D’ou la conclusion des auteurs :

Il existe des preuves de faible à modérée que le yoga comparé aux groupes contrôles sans exercice entraîne des améliorations faibles à modérées dans la fonction, à trois et six mois.
Le yoga peut également être légèrement plus efficace pour la douleur à trois et six mois, mais la taille de l’effet n’ atteint les niveaux prédéfinis d’amélioration clinique minimale. (comprenez effets réels mais trop faibles pour être reconnus comme une approche cliniquement intéressante).
Il n’est pas certain qu’il y ait une différence entre le yoga et d’autres exercices pour la fonction ou la douleur , ou si le yoga ajouté à l’exercice est plus efficace que l’exercice seul.
Des recherches supplémentaires de grande qualité sont nécessaires pour améliorer la confiance dans les estimations d’effets et évaluer les résultats à long terme.

Commentaire AK
A propos de la qualité de vie mentale, l’étude met en évidence les effets du yoga lorsqu’il est comparé à des exercices alors qu’aucun effet n’émerge comparé à pas de traitement. Faut il entendre que les exercices ont un effet délétère sur la qualité de vie mentale des personnes atteintes de lombalgies chroniques ? Rien que pour cela, le yoga pourrait être une approche intéressante pour certains profils, ajouté et mixé avec d’autres techniques plus classiques.

Yoga treatment for chronic non-specific low back pain, Cochrane Database Syst Rev.