Quelle position adoptée face aux traitements fonctionnant uniquement par placebo ? Faut-il expliquer au patient que son « traitement » (par exemple un bracelet magnétique) est un placebo ? Faut-il expliquer au thérapeute que les résultats amenés par son traitement crânien ou l’utilisation de son nouveau joujou high-tech (et hors de prix bien entendu) fonctionne uniquement par effet placebo ? Le placebo est décidément une source inépuisable de questionnement…

Apprendre à potentialiser cet effet semble constituer une arme thérapeutique redoutable même si la vision des praticiens à l’égard du placebo reste assez péjorative.

Dans un récent article paru dans la revue PAIN®, Klinger et al. (1) propose de travailler pratiquement sur deux mécanismes pour augmenter la réponse placebo :
– La voie d’attente des bénéfices du traitement (« expectation »)
– La notion d’apprentissage par conditionnement

1 – Augmenter le niveau d’attente de bénéfices :

Quelques pistes :
– Orienter l’attention du patient sur les effets positifs (potentiels) du traitement
– Augmenter le sentiment de « self control » (baisse de l’anxiété et du stress)
– Ne pas hésiter à expliquer les mécanismes du placebo au patient pour augmenter son niveau d’attente de bénéfice
– Favoriser une relation thérapeutique positive (interaction personnelle plutôt que du matériel écrit)
– Utiliser les effets secondaires pour montrer la puissance du traitement et renforcer l’attente de bénéfice positive

Notez que les attentes importantes sont corrélées à un traitement cher et invasif et qu’il semble qu’un thérapeute qui croit en son traitement obtienne de meilleurs résultats sur son patient.

2 – Améliorer les composantes liées à l’apprentissage par conditionnement :

Quelques pistes :
– Administrer le traitement de manière ouverte (c’est toujours le cas en physiothérapie) en orientant l’attention du patient sur la technique et en accompagnant la technique de consignes verbales (éviter les sur-estimations ou de fausses promesses car si le résultat n’est pas là, il y aura mémorisation négative)
– Au mieux l’administration est perçue (goût, odeur, toucher) au plus fort est le placebo : soyez donc le moins invasif (au sens douloureux) possible
– Privilégier l’utilisation du « faisceau récompense » en utilisant des indications verbales valorisantes
– Travailler sur le passé thérapeutique du patient en soulignant positivement ce qui avait fonctionné et en distinguant le traitement actuel de l’ancien si ce dernier n’avait pas fonctionné

Notez qu’en pharmacologie, on commence à étudier des posologies mixtes où le médicament actif est donné en alternance à un placebo pour diminuer le dosage de la molécule active.

Au boulot soldat !

Références

Klinger R, Colloca L, Bingel U, Flor H. Placebo analgesia: clinical applications. Pain. 2014 Jun;155(6):1055-8.