1549 patients porteurs d’une fracture du poignet ne nécessitant pas de traitement chirurgical ont participé à cette étude. Ils étaient évalués dans la première semaine suivant la fracture et à 4 mois (utilisation des critères de l’IASP pour qualifier le CRPS). Toute évidence radiologique de fracture du carpe, de l’extrémité distale du radius ou de l’ulna ou des deux, permettait d’être inclus à l’étude. On excluait en revanche les pathologies orthopédiques ou neurologiques associées.

Le détail de la procédure d’examen est donné en appendice. Il comportait l’analyse des paramètres suivants :
– Évaluation de la douleur (PNRS 0-10) sur le moment, en moyenne sur les dernières 48h, et lors du geste de pince pouce-index ;
– Évaluation de l’œdème par périmétrie du pouce et des 4 autres doigts (moyenne) ;
– Évaluation en rapport au CRPS à l’interrogatoire (symptômes, signes et Pain Catastrophizing Scale-PCS) ;
– Recherche d’une dysinchirie et évaluation de la discrimination gauche/droite (type Graded Motor Imagery)

Un modèle de prédiction était alors construit à partir de l’analyse de ces 4 critères (douleur, vitesse de réaction en discrimination G/D, dysinchirie et œdème).

L’incidence du CRPS après 4 mois était de 3,8% (IC95 = 2,9-4,8%). Le modèle de prédiction basé sur les 4 variables permettait de discriminer correctement les sujets allant développer un CRPS de ceux qui n’en développeraient pas (C-index = 0,99).

Fait intéressant, le modèle qui ne considérait que la variable douleur était tout aussi efficace (C-index de 0,98). Aucun sujet avec un score douloureux inférieur ou égal à 3 n’avait développé de CRPS alors que 46% des 113 sujets avec un score supérieur ou égal à 5 en avaient développé un. Si on regarde les ratios de vraisemblance en stratification : avec un score douloureux situé entre 3 et 4, on trouvait un ratio de 0,89 (IC95 : 0,29-2,72) alors qu’entre 7 et 8, on avait un ratio de 78,9 (IC95 : 35-178). Plus la douleur augmentait et plus l’odds (donc le risque) de développer un CRPS semblait augmenter.

En attendant de nouvelles études sur le sujet (notamment des validations pour d’autres échantillons), une douleur moyenne sur les dernières 48h supérieure ou égale à 5/10 dans la première semaine après une fracture du poignet devrait attirer l’attention du praticien car elle pourrait prédire la survenue d’un CRPS.

Références

Moseley GL, Herbert RD, Parsons T, Lucas S, Van Hilten JJ, Marinus J. Intense pain soon after wrist fracture strongly predicts who will develop complex regional pain syndrome: prospective cohort study. J Pain. 2014 Jan;15(1):16-23.
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