Préférer les mobilisations aux manipulations vertébrales cervicales? La question qui tue.
Faut-il préférer les techniques de mobilisations passives vertébrales cervicales aux techniques de manipulations pour soulager les douleurs cervicales de type mécanique (nociceptives)? That is the question.
Nous n’évoquerons ici que les conséquences vasculaires indésirables pouvant survenir après traitement par manipulation du segment cervical.

En septembre 2008, Jean-Louis Estrade pointait une revue pertinente dans Actukiné, sur le thème des effets indésirables de la thérapie manuelle sur l’artère vertébrale.
Ces risques majeurs que semblent présenter les manipulations vertébrales cervicales devraient définitivement nous faire préférer les techniques de mobilisations passives cervicales, type Maitland.
Pourtant en janvier 2012, Jean-Louis Estrade prend le JOSPT en flagrant délit de promotion des manipulations cervicales qui montreraient des effets spectaculaires chez les patients, supérieurs en efficacité aux mobilisations de grade IV décrit par Maitland.

Fin avril 2012, Edzard Ernst publiait un article dans le Guardian relayant les conclusions d’une étude publiée dans le Journal of Neurosurgery.
Les conclusions de cette revue sont sans équivoque :
« Les manipulations cervicales réalisées par des chiropracteurs peuvent produire des dissections des segments crâniaux et cervicaux des artères vertébrales et carotides. Étant donné la popularité des traitements en chiropraxie, l’incidence de ces phénomènes est sans doute probablement sous-estimée. Ces lésions artérielles peuvent être sévères, elles peuvent entraîner des séquelles neurologiques et même la mort (notamment dans les 31% des patients de la série étudiée). Par conséquent, les techniques invasives endovasculaires et chirurgicales peuvent être nécessaires pour rétablir la perméabilité des vaisseaux et préserver la fonction neurologique. »

La question a t-elle enfin trouvé sa réponse ?
Pas tant que ça.

Le 07 juin 2012, le British Medical Journal publie un face à face contradictoire traitant de l’intérêt des manipulations vertébrales cervicales dans le traitement des cervicalgies (malheureusement ces 2 articles ne sont pas en accès libre: POUR et CONTRE).

L’affaire se corse… Ou pas.
Qu’en pensez-vous ?
Utilisez-vous des techniques particulières pour réaliser un « screening vertébro-basilaire » avant de démarrer votre évaluation cervicale par exemple ?
Pensez-vous que le niveau de bénéfice l’emporte sur le niveau de risque pour ces techniques ?

Références bibliographiques en accès libre:

Efficacy of manipulation for non-specific neck pain of recent onset: design of a randomised controlled trial
Leaver AM, Refshauge KM, Maher CG, Latimer J, Herbert RD, Jull G, McAuley JH.
BMC Musculoskelet Disord. 2007 Feb 26;8:18.

Professional responsibility in relation to cervical spine manipulation
Refshauge KM, Parry S, Shirley D, Larsen D, Rivett DA, Boland R
Aust J Physiother. 2002;48(3):171-9; discussion 180-5. Review

Manipulation of the cervical spine: risks and benefits
Di Fabio RP.
Phys Ther. 1999 Jan;79(1):50-65. Review.

Cervical manipulation and risk of stroke
Kapral MK, Bondy SJ.
CMAJ2001;165(7): 907-8.

Conservative management of mechanical neck pain: systematic overview and meta-analysis
Aker PD, Gross AR, Goldsmith CH, Pelosa P.
BMJ1996; 313:1291-6.