Mercredi 5 novembre 2014 aura lieu une nouvelle manifestation pour l’obtention du master en kinésithérapie en France. Il est diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos expliquant que nous sommes loin des autres pays qui sont autour de nous. Nous allons essayer d’apporter des données objectives.

Vous pouvez cliquer sur l’image pour comparer le panorama européen de la formation en kinésithérapie.
Ces informations sont issues de mes rencontres avec les représentants des facultés universitaires européennes lorsque je fréquentais l’ENPHE et lors des congrès WCPT-Europe et WCPT. Et aussi, lors de mes contacts avec des experts de l’enseignement lors de mon travail auprès de l’AEQES.

Affirmation 1. Les pays européens sont au niveau master.
Ceci n’est pas exact. Excepté quelques pays, tous sont au niveau Licence.

La moyenne européenne pour exercer la profession est de 210 ECTS (3,5 ans d’étude) avec un niveau de Licence (Bachelor étant le terme européen).

Affirmation 2. La WCPT recommande le grade de master pour exercer la profession.
La WCPT ne recommande pas le grade de master mais 4 ans de formation initiale.

Affirmation 3. Quatre ans d’étude donne un master 1
Ceci est une interprétation particulière des accords de Bologne par la France. Au niveau européen, il est précisé que le bachelor s’obtient en 180 ou 240 ECTS (60 ECTS par année de formation) et que le master s’obtient en 60 ou 120 ECTS. Attention de ne pas réduire à la vision française ce qui a été appliqué ailleurs… Ainsi, 210 ECTS ou 240 ECTS sont le plus souvent un niveau Bachelor (Licence).

Par contre, nous pouvons ajouter:
– Tous les pays européens sont maintenant avec au moins une formation universitaire sauf la France.
– Tous les pays européens ont au moins un master et parfois un doctorat après la formation initiale.
– Tous les pays européens ont des enseignants académiques pour enseigner (c’est à dire avec un master ou le plus souvent un doctorat).
– Des diplômes européens co-gérés par différentes universités se structurent pour la formation initiale en kinésithérapie.
– Des formations universitaires de différents pays s’implantent dans d’autres pays d’Europe pour conquérir de nouveaux marchés.
– Il existe un lien entre le niveau d’enseignement et l’efficacité de la kinésithérapie (mesurée par le raccourcissement du nombre de séances).

Il y a une confusion importante entre les degrés universitaires et le diplôme d’exercice professionnel dans les documents que nous pouvons lire. Un diplôme, c’est comme un permis de conduire, on l’obtient et on peut pratiquer. Le degré universitaire est une reconnaissance d’un niveau universitaire. En Europe, il est considéré que le niveau Bachelor est suffisant pour exercer.

Tous les pays européens ont choisi une formation de 3 ou 4 ans pour le niveau initial et des degrés universitaires supérieurs pour se spécialiser…

Le DE de kiné français était un diplôme avec un examen national dans les années 80. Il est devenu un diplôme d’écoles actuellement.
Les enseignants en IFMK étaient des kinésithérapeutes ayant suivi un cursus d’enseignant : le monitorat-cadre en kinésithérapie. Il a été supprimé en 1996. Il n’y a pas de qualification pour enseigner en kinésithérapie actuellement. Sans parler des superviseurs de stage qui n’ont aucune formation spécifique pour encadrer les stages cliniques et aider à développer les portfolios des étudiants…
Ces 2 points sont très critiques pour s’arroger un niveau de master.

L’équivalence du DE français est plus ou moins reconnu à 180 ECTS en Europe et à l’international. Ceci est factuel même si on essaye de récupérer une première année de médecine…

Nous devions proposer un format en ECTS pour la formation en kinésithérapie en 2010 (Accord de Bologne). Si cela avait été fait nous aurions, actuellement les premiers gradués et les entrants en masters avec une sortie en juin 2015 des premières cohortes. Dans un monde en compétition nous perdons du terrain.

Le résultat actuel est que nous avons créé de nouveaux IFMK d’une trentaine d’élèves (dont le coût par enseignant est démesuré). Plus des 3/4 des pays européens ont leur formation initiale en kinésithérapie entièrement intégrées à l’Université.

Il y a 2 ans, nous écrivions ce petit papier
Il n’a pas été lu quand on entend les commentaires sur les réseaux et forums de kinésithérapie ou sur certains communiqués.
Comme nos parties prenantes ne veulent pas perdre la face, chacun campera sur ses positions et nous préparons déjà le papier de 2016.