Une règle de prédiction clinique destinée à améliorer la précision des jugements pronostiques des cliniciens pour les patients atteints de douleur cervicale par coup du lapin (whiplash) aiguë, a été établie et a été soumise à une validation externe rétrospective par Ritchie et al en 2013 et 2015.
Les groupes pronostiques issus de cette règle sont classés à risque faible, moyen et élevé, déterminés à l’aide des scores de coupure du Neck Disability Index et de l’âge du patient. Cette règle détermine une récupération totale, récupération avec complication modéré, récupération avec séquelles.

Cette étude menée par Joan Kelly, Carrie Ritchie et Michele Sterling, Queesland Australie, cherche à présent à en étudier la corrélation entre un examen clinique classique et le pronostic qui en découle avec le jugement issu de la règle de prédiction. Ceci pour vérifier que la règle est plus pertinente qu’un examen classique.

Méthode:
le physiothérapeute traitant (n = 24) a classé le risque de récupération chez 38 adultes atteints de Wiplash aiguë à la fin de la consultation initiale. Un Kappa pondéré de Cohen a examiné l’accord entre la classification du risque estimé par le physiothérapeute et la Règle de prédiction de Ritchie C.

Résultats:
L’accord du physiothérapeute avec la règle de prédiction s’est produit dans 29% des cas (n = 11/38), ce qui était inférieur aux prévisions (K = -0,03; IC à 95% de -0,17 à 0,12).
Les physiothérapeutes ont le plus souvent considéré l’amplitude des mouvements (n = 23/38, 61%), un état de co-morbide associé(n = 14/38, 37%), la réponse au traitement de physiothérapie initial (n = 12/38, 32%) et l’intensité de la douleur (n = 12/38, 32%) lors de la classification du risque pronostique.
Le nombre projeté de séances de traitement n’était pas différent entre les groupes à risque en utilisant les classifications fournies par les physiothérapeutes (2 (2) = 2,69, p = 0,26).

Le pronostic du kinésithérapeute s’avère donc différent de celui éditée par la règle, mais c’est cette dernière qui a été validée par une étude rétrospective, comme étant la plus proche de la réalité du devenir des patients.
Conclusion des auteurs :
Les physiothérapeutes devraient envisager d’incorporer la RCP «Whiplash» dans les processus d’évaluation actuels afin d’améliorer la précision du processus décisionnel relatif aux pronostics.

Commentaire AK : la faiblesse de l’étude vient d’un unique kinésithérapeute comme élément de comparaison et de la faiblesse de l’échantillon. Dans les critères qualitatifs d’une étude sur les accords de jugement, une échantillon d’au moins 60 personnes est nécessaire pour atteindre le seuil de bonne qualité de résultat et de 100 pour une qualité optimum (référence COSMIN check box reliability). Il n’empêche, avec un Kappa voisin de 0 pour n=34, il est peut probable qu’il franchisse le seuil de 0,7 avec un n=100. Cette règle devrait donc être utilisée.

Kelly, J., Ritchie, C., & Sterling, M. (2018). Agreement is very low between a clinical prediction rule and physiotherapist assessment for classifying the risk of poor recovery of individuals with acute whiplash injury. Musculoskeletal Science and Practice, 39(March 2018), 73‑79. http://doi.org/10.1016/J.MSKSP.2018.11.003

Ritchie, C., et al., 2013. Derivation of a clinical prediction rule to identify both chronic moderate/severe disability and full recovery following whiplash injury. Pain 154 (10), 2198–2206.