Retour sur la 14ème journée nationale de l
Actukiné (AK) : Nous voici 3 semaines après la 14ème édition de la journée nationale d’Hauteville qui fut une réussite. Quel est votre bilan en terme de fréquentation pour cette année ?

Samir Boudrahem (SB) : Ce fut une excellente édition en terme d’affluence, 180 participants environ. C’est motivant pour poursuivre ce type de manifestation.

AK : Un programme de qualité avec de nombreux professeurs de médecine physique et de réadaptation et chercheurs mais une seule kinésithérapeute. Une explication ?

SB : Je rectifie, il y avait deux kinésithérapeutes et même trois (Claudie Chauvière de Lay-Saint-Christophe , Julie et moi-même des Baumes). J’aurais aimé que le nombre de kinésithérapeutes soit plus important mais mes tentatives de recherche d’intervenants parmi les collègues furent infructueuses cela s’explique, à mon avis, au fait que notre profession (cursus d’études et pratique de terrain) n’intègre pas suffisamment la sphère des fonctions cognitives et du coup les collègues se sentent moins à l’aise pour en parler.

AK : Pourquoi avoir choisi ce thème des "troubles des fonctions cognitives" ?

SB : Justement, nous venons d’en parler. Je voudrais que les masseurs-kinésithérapeutes investissent davantage le domaine des fonctions cognitives dans leurs démarches diagnostiques et thérapeutiques. En effet, il faudrait parvenir à enlever l’image de "mécaniciens du corps" que certains autres professionnels nous collent à la peau.
Le second motif de ce choix est de mettre en avant l’importance de la transdisciplinarité dans le suivi rééducatif et réadaptatif des patients car, j’en suis convaincu, la globalité de la personne soignée ne peut être approchée qu’au travers des regards croisés des différents thérapeutes.

AK : Mais n’y-a-t-il pas déjà les neuropsychologues et les ergothérapeutes sur ce domaine ?

SB : Il ne s’agit pas de chasser dans le terrain des uns ou des autres mais simplement dire qu’un diagnostic kinésithérapique qui est posé sans tenir compte d’éventuels troubles cognitifs risque d’être incomplet voire faux. Je pense que nous devons être en mesure d’identifier ces troubles, du moins, les plus importants pour plus de professionnalisme.

AK : Comme vous l’évoquez, la prise en compte et la connaissance de ces troubles cognitifs est indispensable à la prise en charge pluridisciplinaire. Cependant, cet aspect pluri- ou transdisciplinaire identifié comme essentiel ne l’est pas forcément en pratique courante. La synthèse pluridisciplinaire régulière n’est pas forcément synonyme d’objectifs transdisciplinaires pour le patient, chaque thérapeute ayant ses propres objectifs pour le patient. Quel est votre vision de la transdisciplinarité ?

SB : Comme j’ai tenté d’y répondre, avec mon équipe des Baumes à Valence, à l’occasion de la première communication de la journée, il me semble pour qu’il y ait transdisciplinarité véritable encore faut-il que l’ensemble des intervenants aient un discours, une terminologie commune et surtout une sensibilité vis à vis des différents aspects de la complexité du patient. De cette façon, les réunions transdisciplinaires prendraient tout leur sens car chacun des membres de l’équipe aurait une vision beaucoup plus large de son patient et non restreinte seulement à son champ de compétences. En effet, les objectifs individuels pour qu’ils concourent aux objectifs de l’équipe, doivent être définis en partant des échanges avec les autres professionnels. Mais je l’admets, cela reste un exercice difficile car chacun doit prioriser l’intérêt final du patient qui est parfois différent de celui que peut imaginer un thérapeute de façon isolée.

AK : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

SB : Cela fait 15 ans que j’organise ces journées nationales de rééducation. Leur originalité et singularité sont à mon sens le secret de leur réussite. J’espère qu’elles se poursuivront le plus longtemps possible et pour cela j’ai besoin de vos suggestions chères consœurs et chers confrères lecteurs d’Actukiné.

AK : Merci d’avoir répondu à nos questions.

Interview réalisée pour Actukiné par Antoine Zaczyk.