Petit flash-back en 2019, aux JFK. Ceux qui étaient à la conférence de Jeremy Lewis se rappelleront qu’il avait alors défendu que les tests spécifiques d’épaules sont sans intérêt réel pour nos diagnostics.

Nous attendions une publication synthétisant cette démarche. La voilà enfin !

Le 9 avril dernier, l’article que nous allons explorer était publié dans le JOSPT (Journal Of Sport and Physical Therapy). Il s’agit d’un développement narratif remettant en cause l’usage des tests “spécifiques” utilisés en cas de douleur liée à la coiffe des rotateurs.

La publication est synthétique et nous vous encourageons à en lire le support complet (source en fin de blog). Néanmoins nous allons en résumer quelques passages.

Les tests spécifiques sont largement répandus en physiothérapie

Les tests orthopédiques des différentes structures de l’épaule sont largement utilisés et enseignés en Kinésithérapie et Physiothérapie. Ils visent à préciser un diagnostic de douleur liée à la coiffe des rotateurs (rotator cuff related shoulder pain – RCRSP). A l’heure actuelle, il existerait plus de 70 tests visant à isoler :

  • le labrum
  • la coiffe
  • l’articulation acromioclaviculaire
  • le biceps
  • les instabilités
  • les conflits sous-acromiaux
  • et les dyskinésies scapulaires

Les deux chercheurs posent alors 3 questions auxquelles ils vont tenter d’apporter des réponses :

  • L’utilisation de tests spécifiques permet elle aux thérapeutes d’identifier la ou les structures causant les symptômes ?
  • Les éléments repérés à l’imagerie : épaississements de bourses, bec acromiaux, SLAP, etc.) permettent ils de déterminer la cause des symptômes ?
  • Lorsque les chirurgiens tentent d’opérer une coiffe douloureuse, peuvent-ils être certains de cibler la structure qui cause les symptômes ?

Quelles réponses apportent-ils ?

Concernant la validité, c’est-à-dire si les tests mesurent effectivement ce qu’ils sont censé mesurer, les chercheurs ont traité de la validité convergente (accord avec un gold standard si possible ou accord avec d’autres tests proches). Ce que l’on remarque dans la littérature générale, c’est que les tests orthopédiques sont validés avec un standard d’imagerie. Or, depuis plusieurs années maintenant, il apparaît clair que la clinique observée n’est pas en accord avec ce que l’on observe en imagerie. Les épaules saines à l’imagerie peuvent être symptomatiques, et celles montrant des lésions supposées ne sont pas toujours douloureuses…

Comment peut-on alors approuver ou non un test en se basant sur un examen qui n’objective rien. Les Gold standards que nous utilisons pour ces validations sont pour la plupart invalides.

De plus, il est aujourd’hui très fortement suspecté que les tests que nous utilisons ciblent non pas une, mais de nombreuses structures anatomiques. Le test de Jobe (ou empty can test) recrute un minimum de 9 muscles différents et qu’anatomiquement, les tendons de la coiffe sont semblables à une nappe indissociable formant un ensemble tendineux lié à plusieurs muscles.

 

La théorie des chercheurs est alors que la douleur ressentie par les patients serait en réalité provoquée par une sensibilisation douloureuse provoquée par une libération de cytokines par les tissus inflammatoires.

Pour J.Lewis et P.Salamh le constat est clair : mis à part une utilisation sous forme de modification de symptômes, nous devrions cesser d’utiliser et d’enseigner les tests orthopédiques d’épaules en Physiothérapie.

 

En bref, la réponse est non pour les 3 questions.

Source : Salamh, P., & Lewis, J. (2020). It Is Time to Put “Special Tests” for Rotator Cuff Related Shoulder Pain Out to Pasture. Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, 1–11. doi:10.2519/jospt.2020.0606

 

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