Positionnement scapulaire : la comparaison avec le côté
Il est tentant, lorsqu’on subodore une altération de cinématique scapulaire (dyskinésie) chez un patient souffrant de l’épaule, de comparer le positionnement statique de la scapula concernée avec le côté opposé. Cette façon de procéder part du principe que, chez un sujet asymptomatique, ce positionnement serait bilatéralement équivalent.

L’objectif de cette étude était de décrire et comparer la cinématique 3D des épaules côté dominant et non dominant chez des sujets asymptomatiques. L’hypothèse de départ était qu’il n’existe pas de différence de positionnement scapulaire entre les deux côtés, supportant ainsi le fait que le côté sain puisse servir de référence lors de l’évaluation clinique d’un dysfonctionnement scapulaire.

14 sujets asymptomatiques ont participé à cette étude. Pour chaque sujet, la cinématique scapulaire en 3D a été acquise de manière simultanée sur les deux scapula à l’aide d’un système électromagnétique d’analyse du mouvement, lors des 3 séquences du Lateral Scapular Slide Test (LSST) de Kibler (bras à 0° au repos le long du corps, bras à 45° mains sur les hanches, et bras à 90° d’abduction en rotation interne). On trouvera une description du LSST dans (Odom, 2001) cité plus bas.

Les résultats ont montré une différence de positionnement de la scapula contre le thorax entre côté dominant (rotation externe et rotation haute [=sonnette latérale] plus importantes) et non dominant pour les 3 positions testées. En revanche, de 0 à 90° la cinématique scapulaire est quasi identique des deux côtés.
Ces résultats doivent être pris en considération lors de l’évaluation du positionnement scapulaire d’une épaule symptomatique par rapport au côté controlatéral. Cette évaluation devrait être complétée par une observation dynamique ou “semi-dynamique’ de la cinématique scapulaire pour interpréter cliniquement les asymétries scapulaires et avoir des informations discriminantes sur la présence de symptômes liés à une dyskinésie scapulaire.

Résumé disponible en ligne
Morais NV, Pascoal AG. Scapular positioning assessment: Is side-to-side
comparison clinically acceptable? Man Ther. 2012 Jul 23

Remarque:
Le LSST, malgré sa facilité de mise en œuvre en pratique clinique et la renommée de son initiateur, souffre déjà d’un manque de fiabilité. Voir, par exemple :
Shadmehr A, Bagheri H, Ansari NN, Sarafraz H. The reliability measurements of
lateral scapular slide test at three different degrees of shoulder joint
abduction. Br J Sports Med. 2010 Mar;44(4):289-93

ou
Odom CJ, Taylor AB, Hurd CE, Denegar CR. Measurement of scapular asymetry and
assessment of shoulder dysfunction using the Lateral Scapular Slide Test: a
reliability and validity study. Phys Ther. 2001 Feb;81(2):799-809.

(On trouvera une description du LSST dans cet article disponible en ligne)

Mais certains lui trouvent tout de même un intérêt… rien n’est simple.
Curtis T, Roush JR. The Lateral Scapular Slide Test: A Reliability Study of
Males with and without Shoulder Pathology. N Am J Sports Phys Ther. 2006
Aug;1(3):140-6

Merci à Nicolas Savouroux pour l’alerte…