UG ou TUG ?
Le journal of the American Geriatrics Society dans son numéro de février vient de faire paraître une revue systématique et une méta analyse. Elles ont été conduites par une équipe australienne, sur les capacités discriminantes du TUG dans l’identification des personnes âgées chuteuses, ainsi que sur sa valeur prédictive de chutes. 53 études ont été sélectionnées (une en langue française, une en allemand) regroupant 12 832 personnes.

Le TUG n’est définitivement pas prédictif de chutes ! Sauf peut être chez les personnes âgées institutionnalisées où la différence entre les chuteurs et les non chuteurs est de 3,59 secondes (95% CI = 2.18-4.99, p<0,001) Plusieurs raisons sont évoquées dans cette méta-analyse : la chute peut être due à d’autres facteurs, non mesurés par le TUG, par exemple la basse vision, la cognition, l’effet des médicaments. Autre raison : l’hétérogénieté des personnes âgées, avec le type d’aide de marches, la peur de tomber. Ou encore l’environnement, le lieu des chutes, à l’intérieur ou à l’extérieur, lié soit à des personnes âgées actives qui prennent des risques et sur estiment sans doute leur équilibre, ou à l’inverse des personnes âgées qui réduisent leur activité, marchent lentement à l’intérieur et ne prennent pas de risques, sous estimant peut être leur capacité à affronter les déséquilibres. Une autre raison tient aux caractéristiques de la population mesurée, car les personnes à haut risque de chutes sont vraisemblablement sous représentées, soit par exclusion, soit par impossibilité de terminer le TUG, soit par refus de participer : troubles cognitifs, peur de (re)tomber, difficultés avec les aides de marche.

L’écart important entre les études, et à l’intérieur des études, montre qu’il est très difficile de donner une valeur seuil. Les differents protocoles du TUG (marche à allure confortable ou à la plus grande vitesse possible, double tâche manuelle ou cognitive, sièges avec ou sans accoudoirs, type de demi tour, demi tour avec ou sans cône ou marque ou mur, distances variées, tour de la chaise ou non) expliquent aussi en partie l’importance de cet écart. Ceci rend certains arbres décisionnels sujets à caution, et dévoile une incertitude dans la conduite à tenir.

Il n’y a donc pas de Gold Standart pour évaluer le risque de chutes. Là encore, l’identification des personnes âgées à risque de chute passe par plusieurs bilans. En outre, l’aspect qualitatif de l’exécution du Up and Go est peut être plus riche d’enseignement que le temps mis à le faire.

Vient à propos ce qu’aurait dit Albert Einstein : "Ce qui compte ne peut pas toujours être compté, et ce qui peut être compté ne compte pas toujours !"
Voici le lien pour le résumé

Merci à Patrice Piette pour l’information