Introduction

Les premiers essais cliniques évaluant l’effet de la toxine botulique seule datent des années 90 [1]. Depuis, de très nombreux essais contrôlés randomisés ont été publiés et une synthèse ainsi que des recommandations ont été réalisées en 2010.

Chez le patient adulte, la toxine botulique seule est efficace au membre inférieur pour diminuer la spasticité des membres inférieurs (Triceps Sural principalement étudié) et améliorer les amplitudes articulaires (flexion dorsale principalement étudiée) (Grade A), diminuer la douleur associée à la spasticité (Grade A) et diminuer le recours aux orthèses (Grade A).
Elle est probablement efficace pour améliorer la fonction motrice des membres inférieurs (Grade B), notamment la flexion dorsale active.
Elle est peut-être efficace pour améliorer la vitesse de marche (Grade C)
Les données manquent concernant la qualité de vie et la participation [2]

La toxine botulique seule est efficace au membre supérieur pour diminuer la spasticité (Grade A), améliorer de l’hygiène, des soins et diminuer l’intervention d’un tiers (Grade A).
Elle améliore peut-être la fonction motrice du membre supérieur (Grade C).
Elle n’a peut-être pas d’effet sur la qualité de vie (SF-36) et sur l’activité du membre supérieur (Abilhand) (Grade C) [3].

Même si elle a une action démontrée sur la spasticité, la toxine botulique seule n’est pas suffisante pour améliorer l’activité ou la participation de patients spastiques. La kinésithérapie et la réadaptation ont un rôle important à jouer à ce niveau. Qu’en est-il exactement ? Quels moyens sont efficaces, à privilégier ?

Méthode

Les mots clés suivants ont été utilisés : stroke / brain injury / spinal cord injury ; botulinum toxin ; electrical stimulation. La recherche a été effectuée sur Medline, Sciencedirect, Scholar, PEDro le 30 janvier 2015.

Résultats

La recherche a permis de retenir après lecture des titres et des résumés 4 articles sur Medline, 4 sur PEDro, 5 sur Scholar et 1 sur Sciencedirect.
Après suppression des doublons, 6 études ont été retenues. 6 sont des essais contrôlés randomisés (ECR).
La qualité moyenne des ECR évaluée par l’échelle PEDro (sauf pour l’étude de Picelli et de Frasson) est de 5/10.
Deux études concernaient le membre supérieur, les 4 autres le ou les membres inférieurs.
Les protocoles et résultats des études sont détaillées dans le Tableau n°1

Discussion

Il est difficile de tirer des conclusions fermes de ces études vu la variété des protocoles, des doses de toxine botulique ou le manque de puissance. Néanmoins, certains éléments semblent intéressants.
Concernant le membre supérieur, l’ES immédiate après injection, de basse fréquence durant 60 min pourrait être à privilégier pour diminuer la spasticité et favoriser l’hygiène de la main hémiparétique [5, 9]. L’ES le lendemain de l’injection ne semble pas efficace sur la spasticité [9].
Concernant le membre inférieur, les applications ont été variables entre soit les muscles injectés uniquement, soit les alternance de stimulation entre muscles injectés et muscles antagonistes. L’association ES des muscles injectés et étirements est plus efficace que les étirements seuls après toxine pour diminuer la spasticité, améliorer la flexion dorsale passive de cheville genou en extension [8]. Les données sont insuffisantes pour privilégier la haute ou la basse fréquence [6].
Que ce soit au membre supérieur ou au membre inférieur, il n’est pas possible d’affirmer si l’ES des muscles injectés est supérieure à l’ES des muscles injectés et des muscles antagonistes ou l’inverse concernant la spasticité.
Les effets sur la participation n’ont pas été étudiés.
Il semble utile de rechercher s’il y a une supériorité d’une modalité de l’ES par rapport à l’autre ou d’évaluer la plus-value éventuelle dans un programme ciblé, personnalisé de réadaptation post-toxine.

Dans le prochaine article, nous aborderons l’ES des muscles antagonistes et la stimulation électrique fonctionnelle après toxine botulique.

Références

[1] Snow BJ, Tsui JK, Bhatt MH, Varelas M, Hashimoto SA, Calne DB. Treatment of spasticity with botulinum toxin: a double-blind study. Ann Neurol 1990;28:512-515.
[2] Sheean G, Lannin NA, Turner-Stokes L, Rawicki B, Snow BJ; Cerebral Palsy Institute. Botulinum toxin assessment, intervention and after-care for upper limb hypertonicity in adults: international consensus statement. Eur J Neurol. 2010 Aug;17 Suppl 2:74-93.
[3] Olver J, Esquenazi A, Fung VS, Singer BJ, Ward AB; Cerebral Palsy Institute. Botulinum toxin assessment, intervention and aftercare for lower limb disorders of movement and muscle tone in adults: international consensus statement. Eur J Neurol. 2010 Aug;17 Suppl 2:57-73.
[4] Hesse S, Jahnke MT, Luecke D, Mauritz KH. Short-term electrical stimulation enhances the effectiveness of Botulinum toxin in the treatment of lower limb spasticity in hemiparetic patients. Neuroscience Letters 1995 Dec 1;201(1):37-40.
[5] Hesse S, Reiter F, Konrad M, Jahnke MT. Botulinum toxin type A and short-term electrical stimulation in the treatment of upper limb flexor spasticity after stroke: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Clin Rehabil. 1998 Oct;12(5):381-8.
[6] Frasson E, Priori A, Ruzzante B, Didonè G, Bertolasi L. Nerve stimulation boosts botulinum toxin action in spasticity. Mov Disord. 2005 May;20(5):624-9.
[7] Bayram S, Sivrioglu K, Karli N, Ozcan O. Low-dose botulinum toxin with short-term electrical stimulation in poststroke spastic drop foot: a preliminary study. Am J Phys Med Rehabil. 2006 Jan;85(1):75-81.
[8] Baricich A, Carda S, Bertoni M, Maderna L, Cisari C. A single-blinded, randomized pilot study of botulinum toxin type A combined with non-pharmacological treatment for spastic foot. J Rehabil Med. 2008 Nov;40(10):870-2.
[9] Picelli A, Smania N, Storti I, Munari D, Fontana C, Fiaschi A, Santilli V, Tamburin S. Immediate versus delayed electrical stimulation boosts botulinum toxin effect: A pilot study. Mov Disord. 2011 Aug 1;26(9):1784-5.